État des systèmes d’eau propre et d’assainissement au Canada
2025
Document technique

Table des matières
Nos systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées
État des services d’eau propre et d’assainissement au Canada
État des infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées au Canada
État des investissements dans l’approvisionnement en eau et le traitement des eaux usées au Canada
Avis au lecteur
S’appuyant sur des données nationales accessibles au public jusqu’en décembre 2024, ce document de travail a pour but de présenter un aperçu de l’état actuel des services d’eau propre et d’assainissement au Canada. Il vise à lancer une conversation sur les infrastructures dont nous disposons aujourd’hui, sur la manière dont elles servent les Canadiens et sur les autres données ou domaines de recherche que le Conseil canadien des infrastructures (le Conseil) devrait prendre en compte dans le cadre de ses travaux.
L’analyse des infrastructures présentée dans ce rapport s’appuie sur des bases de données nationales compilées par Statistique Canada et d’autres sources nationales. Ces sources offrent des méthodologies cohérentes, une transparence accrue, des mises à jour régulières et une couverture étendue : des éléments essentiels pour des comparaisons nationales pertinentes et une prise de décision éclairée à l’échelle du pays. Toutefois, les provinces, territoires, municipalités et organisations autochtones peuvent disposer de leurs propres bases de données sur les infrastructures, adaptées à leurs priorités, à leurs exigences réglementaires et à leurs réalités opérationnelles. Ces ensembles de données propres à chaque juridiction fournissent souvent un niveau de détail plus élevé, permettent une surveillance en temps réel et soutiennent l’innovation locale en matière de planification et de gestion des programmes.
Le document a été préparé à titre informatif pour soutenir le Conseil. Il reflète les contributions de Logement, Infrastructure et Collectivités Canada, Statistique Canada, Environnement et Changement climatique Canada, Services aux Autochtones Canada et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada. Le document ne fait pas partie de la première évaluation nationale des infrastructures en cours d’élaboration par le Conseil.
Résumé
L’accès aux services d’eau et d’assainissement est reconnu par les Nations Unies comme un droit humain fondamental pour la santé, la dignité et la prospérité de chacun. L’absence de services d’eau propre et d’assainissement peut entraîner des risques sanitaires évitables et la contamination de l’environnement naturel. Les systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées qui traitent, stockent et distribuent l’eau potable et collectent et traitent les eaux usées et les eaux pluviales sont au cœur du développement des collectivités et sont essentiels à leur bien-être. Les services d’eau et d’assainissement sont essentiels à la prestation des logements nécessaires pour soutenir l’essor des collectivités.
Le Canada dispose de l’une des plus grandes réserves d’eau douce au monde. Cependant, moins de la moitié de cet approvisionnement en eau douce est renouvelable, c’est-à-dire, qu’il peut être reconstitué au moyen des précipitations. De plus, la vaste majorité de l’eau douce du Canada s’écoule vers le nord, dans l’océan Arctique et la baie d’Hudson. Par conséquent, les ressources en eau peuvent être limitées dans certaines parties du pays pendant les périodes chaudes et sèches, en particulier dans les Prairies. En dépit de ces limites, le Canada bénéficie, selon les normes internationales, d’un accès considérable à des ressources renouvelables en matière d’eau douce.
Bien que les Canadiens bénéficient d’un niveau élevé d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, ces services sont souvent fournis par des infrastructures peu performantes. Les données d’enquêtes ont en effet démontré que les systèmes d’approvisionnement en eau subissent des pertes importantes lors de la distribution de l’eau aux ménages et aux entreprises, principalement en raison de fuites dans les canalisations, les joints et les raccords. Un certain nombre de systèmes de traitement des eaux usées au Canada ne respectent pas les normes fédérales en matière de réglementation des effluents d’eaux usées, ce qui entraîne le rejet d’eaux usées non traitées ou insuffisamment traitées dans l’environnement. En 2022, plus de 10 % des actifs étaient en mauvais ou très mauvais état à l’échelle nationale et nécessitaient des travaux importants pour éviter une défaillance à court terme. Or, la valeur de remplacement de ces actifs en mauvais ou très mauvais état est estimée à 107 milliards de dollars. De plus, il demeure des écarts importants dans la qualité des services d’eau propre et d’assainissement entre les collectivités autochtones et non autochtones au Canada.
Dans ce contexte, les changements climatiques, la croissance démographique et la nécessité d’augmenter l’offre de logements qui en découle continueront d’exercer une pression accrue sur les systèmes d’eau propre et d’assainissement dans les années à venir. Les collectivités de toutes tailles devront se préparer à l’avenir changeant et incertain que présentent ces tendances afin de soutenir leur croissance et leur bien-être.
Le présent document offre un aperçu de l’état des principaux éléments des systèmes d’eau propres et d’assainissement au Canada, ce qui comprend les ressources en eau douce, les infrastructures physiques et naturelles, ainsi que les services que ces infrastructures fournissent aux collectivités. Bien que divers types d’infrastructures interagissent avec les systèmes d’eau, notamment l’irrigation et l’électricité, les éléments de ces systèmes qui ne sont pas directement nécessaires pour soutenir les logements et les collectivités ne relèvent pas de la portée du présent document.
Nos systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées
Les systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont essentiels pour fournir aux collectivités des services d’eau propre et d’assainissement abordables, sûrs et stables, contribuant ainsi au développement de collectivités durables, inclusives et saines. L’accès à l’eau et aux services d’assainissement est reconnu par les Nations Unies comme un droit humain, fondamental pour la santé, la dignité et la prospérité de chacun.
Historiquement, les systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées ont joué un rôle central dans le développement des collectivités, car les gens s’installaient et construisaient des habitations où elles avaient facilement accès à de l’eau propre. À l’origine, les populations ne pouvaient s’établir que là où l’eau douce de surface était abondante, comme près des rivières ou des sources naturelles. Tout au long de l’histoire, les gens ont mis au point des systèmes permettant d’améliorer l’accès à l’eau et de traiter et d’éliminer les eaux usées.
Les systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont constitués de sources d’eau douce et de milieux récepteurs, comme des rivières, des lacs, des sources et des eaux souterraines; d’infrastructures physiques et naturelles comme des barrages et des réservoirs, des zones humides, des usines d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées, des canalisations, des pompes, des systèmes d’égouts pour l’évacuation des eaux pluviales et des structures utilisées pour l’atténuation des inondations; ainsi que de services fournis par les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées aux habitations et aux entreprises.
L’eau potable est l’eau qui convient à la consommation. Elle peut être bue ou servir à la préparation des aliments, ainsi qu’à une gamme d’autres activités comme l’hygiène personnelle, la chasse des toilettes, l’arrosage des potagers et des pelouses, ainsi que le lavage des voitures, des maisons et des surfaces pavées.
Les flux qui sortent des systèmes d’eau peuvent être des eaux usées ou des eaux pluviales. Bien que des efforts aient été faits pour détourner les eaux pluviales des systèmes de traitement des eaux usées, des eaux pluviales pénètrent tout de même dans les systèmes de traitement des eaux usées et provoquent des débordements d’égouts unitaires, en particulier dans les systèmes plus anciens.
Les eaux usées (à l’exclusion des eaux pluviales) sont des eaux qui ont été utilisées, qui proviennent de sources résidentielles et commerciales et qui contiennent un mélange de matières liquides et solides. Les eaux usées sont composées à environ 99 % d’eau et à 1 % de déchets organiques, de produits chimiques de nettoyage et de tout ce qui est versé ou jeté dans les drains intérieurs. Les eaux usées contiennent des produits chimiques et des micro-organismes nocifs pour la santé publique et l’environnement. Les eaux usées sont généralement collectées par les systèmes d’égouts et, dans la plupart des cas, traitées avant d’être rejetées dans l’environnement. Les eaux usées peuvent toutefois également être collectées par camion ou éliminées sur place, par exemple à l’aide de fosses septiques.
Les eaux pluviales sont constituées de pluie et de neige fondue. La terre absorbe une partie de cette eau, qui s’infiltre dans les aquifères souterrains. Une partie des eaux pluviales est acheminée par les fossés vers les ruisseaux et les rivières qui se jettent dans les lacs et les océans. Ce type d’eau n’est pas traité avant d’être rejeté dans l’environnement, sauf dans les systèmes où les eaux usées et les eaux pluviales circulent dans les mêmes canalisations. Lorsqu’elles ruissellent sur des surfaces imperméables (p. ex., toits, trottoirs et routes), les eaux pluviales non traitées absorbent et transportent des polluants (p. ex., goudron, essence, microplastiques, etc.) dans l’environnement.
Les systèmes d’eau douce, d’eau potable et d’eaux usées sont interconnectés. L’eau douce est extraite des rivières, des lacs, des ruisseaux et des eaux souterraines, puis traitées et livrée aux collectivités sous forme d’eau potable pour leur usage et leur consommation. Dans les systèmes d’égouts unitaires, les eaux usées provenant des ménages et des industries (p. ex., les eaux résiduaires) et les eaux pluviales provenant de la pluie et de la fonte des neiges sont collectées et traitées avant d’être rejetées dans les rivières, les lacs, les ruisseaux et les sources d’eau souterraine. Dans les systèmes d’égouts séparatifs, les eaux usées sont collectées et traitées, tandis que les eaux pluviales sont collectées séparément et rejetées sans traitement dans les cours d’eau et les plans d’eau avoisinants.
Les systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont aussi étroitement interconnectés avec d’autres systèmes d’infrastructures bâties et naturelles qui soutiennent les collectivités. Par exemple, les barrages hydroélectriques ont besoin d’eau pour convertir en énergie mécanique l’énergie potentielle stockée dans un réservoir situé derrière le barrage, tandis que les usines d’eau ont besoin d’énergie pour traiter l’eau qui pourrait être utilisée pour la consommation.
Les systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont essentiels pour soutenir le logement et les collectivités. En 2022, le Canada comptait plus de 3 300 installations de traitement de l’eau qui fournissent une eau potable propre à la consommation humaine et 4 000 usines de traitement des eaux usées et systèmes de lagunage qui éliminent les contaminants des eaux usées avant qu’elles soient rejetées dans l’environnement. Des canalisations s’étendant sur des centaines de milliers de kilomètres transportent ces eaux vers ces installations et hors de celles-ci. En 2021, plus de 33 millions de Canadiens étaient desservis par des installations de traitement de l’eau[1], tandis qu’en 2022, plus de 32 millions de Canadiens étaient desservis par des installations de traitement des eaux usées[2]. Les collectivités qui ne sont pas reliées à des systèmes municipaux tendent à s’appuyer sur des puits privés ou des camions pour fournir de l’eau potable, et sur des systèmes indépendants, comme des fosses septiques, ou des systèmes collectifs à petite échelle pour fournir des services d’assainissement.
Nos ressources en eau douce
L’eau douce et propre est une ressource essentielle. Nous l’utilisons pour la fabrication, la production d’énergie, l’irrigation et des loisirs comme la natation, la navigation de plaisance et la pêche, ainsi que pour les tâches domestiques. Elle protège également la biodiversité végétale et animale.
Le Canada bénéficie de l’une des plus importantes ressources en eau douce de la planète, abritant 20 % des réserves mondiales[3]. Possédant plus de plans d’eaux intérieures que tout autre pays, le Canada compte plus de deux millions de lacs et de rivières. Ces eaux s’écoulent vers les côtes de l’Atlantique, du Pacifique et de l’Arctique, franchissant ainsi les limites internationales, provinciales et territoriales.
On appelle « bassin hydrographique » ou « bassin versant » la zone qui draine toutes les précipitations reçues sous forme de ruissellement ou de débit de base (sources d’eau souterraine) dans une rivière ou un ensemble de rivières. Les petits bassins versants se combinent pour former des bassins régionaux qui, à leur tour, se rejoignent les uns les autres pour constituer des bassins versants continentaux. Les bassins versants continentaux du Canada sont l’océan Atlantique, la baie d’Hudson, l’océan Arctique, l’océan Pacifique et le golfe du Mexique.
Encadré 1: Les Grands LacsLe bassin des Grands Lacs (les lacs et les terres qui s’y déversent) contient 18 % de l’eau douce de surface du monde et abrite près d’un tiers de la population canadienne. Chevauchant la frontière entre le Canada et les États-Unis, les Grands Lacs ont joué un rôle de premier plan dans le développement des deux pays. En plus de constituer une source d’eau potable, ils permettent d’acheminer des marchandises depuis le cœur du continent et vers celui-ci, ils sont une source d’hydroélectricité et ils sont le lieu d’un développement industriel, commercial, agricole et urbain. Les Grands Lacs offrent également de nombreuses possibilités de loisirs. |
Alors que 20 % des réserves mondiales d’eau douce se trouvent au Canada, moins de la moitié de ces réserves — environ 7 % des réserves mondiales totales d’eau douce — sont considérées comme renouvelables. Les 13 % restants de l’eau douce mondiale qui se trouve au Canada sont des eaux non renouvelables qui sont retenues dans les lacs, les aquifères souterrains et les glaciers et qui ne peuvent pas être reconstituées par les précipitations à une échelle humaine de temps. Le Canada bénéficie toutefois d’un accès considérable à des ressources renouvelables en matière d’eau douce, selon les normes internationales, avec plus de 76 millions de mètres cubes (m³) par personne, comparativement à 5 400 m³ par personne à l’échelle mondiale[4].
Figure 1: Le Canada dispose de l’une des plus importantes ressources en eau douce par habitant au monde

Remarque: Les données relatives à ces pays du G20 proviennent de la base de données AQUASTAT del’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) (2021). Total des ressources renouvelables en eau douce par habitant (mètres cubes).
Texte alternatif de la figure 1 (cliquez ici pour afficher)
Ressources totales en eau douce renouvelable par habitant, 2021(en mètres cubes)
Pays | Ressources en eau douce par habitant (en mètres cubes) |
Arabie saoudite | 66,8 |
Afrique du Sud | 864,6 |
Corée du Sud | 1 344,8 |
Inde | 1 357,6 |
Allemagne | 1 846,3 |
Chine | 1 948,1 |
Royaume-Uni | 2 184,9 |
Turquie | 2 496 |
Italie | 3 229,2 |
France | 3 269,7 |
Japon | 3 450,7 |
Mexique | 3 645,4 |
Monde | 5 401,7 |
Indonésie | 7 374,2 |
États-Unis | 9 106,9 |
Suède | 16 623,5 |
Argentine | 19 353 |
Russie | 31 187,9 |
Brésil | 40 345 |
Canada | 76 058 |
Bien que le Canada bénéficie d’un accès significatif à d’importantes ressources renouvelables en eau douce, ces ressources sont réparties de manière inégale sur le territoire. La majorité (60 %) de l’eau douce du Canada s’écoule vers le nord, dans l’océan Arctique et la baie d’Hudson, ce qui ne laisse qu’une faible proportion pour les régions du sud où réside 90 % de la population. Par conséquent, les ressources en eau peuvent être limitées dans certaines parties du pays pendant les périodes chaudes et sèches, en particulier dans les Prairies.
La sécheresse (c.-à-d., un manque de précipitations sur une période prolongée) est un phénomène naturel dans les Prairies canadiennes, et des sécheresses s’échelonnant sur plusieurs années sont des événements récurrents au cours de l’histoire. Les sécheresses peuvent causer toute une série de problèmes aux collectivités locales, notamment des dommages aux écosystèmes et aux cultures, ainsi qu’une pénurie d’eau potable. Dans ces conditions, les utilisations de l’eau à l’échelle communautaire entrent en concurrence avec l’irrigation, ce qui peut contribuer à l’épuisement des ressources en eau. Les conditions sèches associées à la sécheresse augmentent également le risque d’incendies de forêt. Au cours des 120 dernières années, les Prairies canadiennes ont connu au moins cinq grandes sécheresses, dont certaines ont duré près d’une décennie. Les températures mondiales continuant à augmenter, les sécheresses devraient devenir plus fréquentes.
Figure 2: Le Canada dispose d’abondantes ressources en eau douce, mais plus de la moitié s’écoule vers des bassins versants inaccessibles à la plupart des Canadiens

Remarque: Cette figure montre les bassins hydrographiques du Canada. Extrait de « Sources d’eau » d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). 2013.
Texte alternatif de la figure 2 (cliquez ici pour afficher)
Les bassins versants du Canada
La carte représente les bassins hydrographiques continentaux du Canada. Environ 60 % de l'eau douce du Canada s'écoule vers le nord, tandis que 85 % de la population vit le long de la frontière sud avec les États-Unis. La carte montre les villes les plus peuplées du Canada (environ 6 Canadiens sur 10 vivent dans les 30 plus grandes villes du pays), les cinq principaux bassins hydrographiques et le débit des cours d'eau.
Gouvernance de l’eau douce
La gestion de l’eau douce au Canada est une responsabilité partagée entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, ainsi que les gouvernements des Premières Nations. Les différents ordres de gouvernement ont des compétences différentes en matière de gestion de l’eau.
La Loi constitutionnelle de 1867 définit le cadre de la répartition des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. En vertu de cette loi, la compétence fédérale s’applique à la conservation et à la protection des océans et de leurs ressources, à la pêche, à la navigation et aux relations internationales, y compris les responsabilités liées à la gestion des eaux frontalières partagées avec les États-Unis. Le gouvernement fédéral gère également l’eau dans sa propre « région fédérale », qui comprend les terres fédérales (p. ex., les parcs nationaux) et les installations fédérales (p. ex., les immeubles de bureaux, les laboratoires, les pénitenciers, les bases militaires).
Les droits des Autochtones et les droits issus de traités sont reconnus par le paragraphe 35(1) de la Loi constitutionnelle de 1982. Selon l’article 35, les « peuples autochtones du Canada » comprennent les Premières Nations, les Inuits et les Métis du Canada. Les droits relatifs à l’eau reconnus aux termes de l’article 35 comprennent les voyages et la navigation, ainsi que les droits d’utilisation de l’eau à des fins résidentielles, spirituelles, cérémonielles, récréatives ou culturelles[5].
La plupart des utilisations importantes de l'eau au Canada sont autorisées au moyen de licences ou de permis délivrés par les autorités provinciales de gestion de l'eau. La plupart de ces gouvernements délèguent certaines compétences aux municipalités, comme le traitement et la distribution de l’eau potable et les opérations de traitement des eaux usées des zones urbaines, ainsi que la gestion des milieux humides. Le Québec, par exemple, a délégué les pouvoirs de gestion des milieux humides aux municipalités. Les provinces et les territoires peuvent également déléguer certaines fonctions de gestion des ressources en eau aux autorités locales qui peuvent être responsables d’une zone ou d’un bassin hydrographique particulier.
En outre, les provinces et les territoires délivrent des permis et des autorisations pour la plupart des utilisations majeures de l’eau au Canada. Chaque compétence élabore ses propres règlements afin de répondre aux besoins locaux particuliers, de même qu’aux conditions locales, y compris les caractéristiques géographiques, écologiques et sociales uniques de chaque région. Les provinces et les territoires peuvent adapter leurs réglementations pour tenir compte des enjeux régionaux particuliers, comme les conditions climatiques, les activités industrielles, les pratiques agricoles et la densité de la population. Enfin, les responsabilités fédérales-provinciales/territoriales partagées comprennent l’agriculture, les questions nationales relatives à l’eau et la santé.
La Loi sur les ressources en eau du Canada, administrée par le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, fournit un cadre pour la collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans le domaine des ressources en eau. Ce cadre prévoit la collaboration à la recherche, ainsi qu’à la planification et à la mise en œuvre de programmes relatifs à la conservation, au développement et à l’utilisation des ressources en eau. Actuellement, plus de 40 accords ont été conclus dans le cadre de la Loi, et le gouvernement du Canada s’affaire à soumettre la Loi à un examen.
Le gouvernement du Canada a mis sur pied l’Agence de l’eau du Canada dans le but d’améliorer la gestion de l’eau douce au pays en assurant un leadership, une collaboration fédérale efficace, ainsi qu’une coordination et une collaboration améliorées avec les provinces, les territoires et les peuples autochtones afin de relever de manière proactive les défis liés à l’eau douce transfrontalière à l’échelle nationale et régionale et de tirer parti des possibilités.
En vertu de la Loi sur les Indiens, les Premières Nations disposent souvent de lois et de règlements coutumiers qui ont trait à la préservation, à la gestion, à la conservation et à l’utilisation de l’eau des rivières et cours d’eau qui se trouvent dans les réserves et sur les terres ancestrales. Les Premières Nations participent également à la gestion des eaux douces transfrontalières, notamment par l’entremise de conseils de gestion de l’eau qui régissent la régulation et la circulation des ressources en eau. L’eau douce est souvent sacrée et au centre de toute vie pour les peuples autochtones. Pour beaucoup, l’eau imprègne tous les aspects de l’existence.
État des services d’eau propre et d’assainissement au Canada
Les services d’eau propre et d’assainissement sont essentiels pour la santé et la sécurité des Canadiens. Ils fournissent de l’eau potable sécuritaire, contribuent à maintenir des environnements propres et sains et protègent nos collectivités contre les inondations. L’eau contaminée et les mauvaises conditions sanitaires sont liées à la transmission de maladies comme le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l’hépatite A, la typhoïde et la poliomyélite. L’absence ou l’insuffisance des services d’eau et d’assainissement ou la mauvaise gestion de ceux-ci exposent les gens à des risques sanitaires évitables.
Les systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont des sources essentielles de résilience pour les collectivités face aux changements climatiques. Par exemple, les systèmes d’égouts assurent des fonctions de drainage essentielles pendant les périodes où le risque d’inondation est le plus élevé. En outre, l’intégration de la redondance des sources d’eau et de capacités de stockage dans les réseaux d’eau potable réduit l’incidence des sécheresses. Le vieillissement des infrastructures d’eau peut lui-même être une source de vulnérabilité aux changements climatiques pour les villes : la défaillance des systèmes d’approvisionnement en eau potable et de traitement des eaux usées en cas d’urgence peut avoir des conséquences sanitaires importantes ou nécessiter l’évacuation de la collectivité.
Gouvernance des services d’eau propre
La responsabilité d’assurer un approvisionnement en eau potable sécuritaire est partagée entre les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones.
Le gouvernement fédéral, principalement par l’intermédiaire de Santé Canada, est chargé d’établir des normes et des lignes directrices nationales, comme les Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada[6]. Ces lignes directrices tiennent lieu de cadre de travail s’appliquant aux pratiques et aux réglementations mises en œuvre dans les provinces et les territoires et se fondant sur les conseils formulés par le Comité fédéral-provincial-territorial sur l’eau potable à la suite de consultations publiques.
La réglementation et la surveillance des systèmes publics d’eau potable relèvent principalement de la compétence des provinces et des territoires, qui sont chargés de mettre en œuvre et d’appliquer les normes établies par le gouvernement fédéral, ainsi que de les adapter aux conditions et aux besoins locaux. Les provinces et les territoires sont également habilités à gérer les ressources en eau, à réglementer les systèmes d’approvisionnement en eau et à garantir la sécurité et la qualité de l’eau potable.
Les administrations municipales jouent un rôle important dans le traitement et la distribution de l’eau potable sur leur territoire. Elles s’occupent de l’entretien des infrastructures pertinentes, comme les usines de traitement de l’eau et les canalisations de distribution, en plus de veiller au respect des règlements provinciaux et territoriaux et des lignes directrices fédérales. Les municipalités sont également habilitées à adopter des politiques et des règlements locaux concernant l’utilisation et la conservation de l’eau, ainsi que des règlements concernant les services locaux.
Sur les terres des Premières Nations situées au sud du 60e parallèle, la responsabilité de la gestion de l’eau potable est actuellement partagée par les Premières Nations et le gouvernement du Canada. Les Premières Nations gèrent et exploitent leurs systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées, et conçoivent et construisent leurs installations. Services aux Autochtones Canada (SAC) fournit des conseils et un soutien financier aux collectivités des Premières Nations pour leurs systèmes publics d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées et veille à ce que des programmes de vérification de la qualité de l’eau potable soient mis en œuvre. Au nord du 60e parallèle, ce sont les gouvernements territoriaux qui sont responsables de la sûreté de l’eau potable dans toutes les collectivités, y compris les collectivités autochtones. À titre exceptionnel, SAC finance le logement et les infrastructures communautaires de certaines Premières Nations du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest, mais ne joue aucun rôle au Nunavut, dont la population autochtone est exclusivement inuite.
En 2013, la Loi sur la salubrité de l’eau potable des Premières Nations (Loi de 2013) a été créée pour permettre l’élaboration de règlements fédéraux visant à soutenir l’accès des Premières Nations à une eau potable fiable et à un traitement efficace des eaux usées. Cependant, les Premières Nations ont fait part de plusieurs préoccupations concernant la Loi de 2013, y compris le manque de financement adéquat, prévisible et durable, le manque de reconnaissance des droits des Autochtones, la violation potentielle des droits des Autochtones et des droits issus de traités, le manque de protection des sources d’eau et la consultation insuffisante sur les questions qui touchent directement les Premières Nations.
Le 22 décembre 2021, la Cour fédérale et la Cour du Banc de la Reine du Manitoba (maintenant la « Cour du Banc du Roi du Manitoba ») ont conjointement approuvé une entente pour régler les recours collectifs liés à l’eau potable dans les collectivités des Premières Nations. Intitulée « Entente de règlement des recours collectifs relatifs à l’eau potable dans les communautés des Premières Nations », cette entente engage le Canada à déployer tous les efforts raisonnables nécessaires pour faire en sorte que chaque participant aux recours collectifs qui vivent sur des terres des Premières Nations ait accès, à perpétuité, à de l’eau potable sécuritaire à domicile, que cette eau soit fournie par un système d’approvisionnement public ou privé. Afin de soutenir l’exécution de cet engagement, le Canada a engagé des fonds existants s’élevant à au moins 6 milliards de dollars relativement à la construction, à la mise à niveau, à l’exploitation et à l’entretien des infrastructures d’eau se trouvant sur des terres des Premières Nations d’ici au 31 mars 2030. L’entente de règlement engage également le Canada à faire le maximum pour abroger la Loi sur la salubrité de l’eau potable des Premières Nations de 2013 et la remplacer par une loi élaborée en consultation avec les Premières Nations. La Loi a été abrogée en 2022 et les travaux d’élaboration d’une nouvelle loi se poursuivent.
Consommation de l’eau potableEn 2021, la consommation totale d’eau potable au Canada a atteint les 4,9 milliards de mètres cubes. Plus de la moitié (55 %) de l’eau potable utilisée a été consommée par les ménages; l’industrie suit avec 28 % de l’eau utilisée. Malgré une tendance à la baisse de la consommation d’eau potable, la consommation d’eau par habitant au Canada est élevée par rapport au reste du monde. En 2021, la consommation quotidienne moyenne d’eau potable à l’échelle nationale était de 401 litres (L) par personne[7]. Bien que ce chiffre ait diminué par rapport aux 485 L par personne en 2011, il reste nettement supérieur à celui de la plupart des pays comparables[8].
Une tendance similaire se dégage lorsqu’on examine la consommation d’eau dans le secteur résidentiel. La consommation résidentielle quotidienne moyenne était de 223 L par habitant en 2021, contre 251 L en 2011[9]. Ce chiffre demeure toutefois nettement supérieur à celui de la plupart des pays comparables : en Europe par exemple, la consommation résidentielle quotidienne moyenne était de 124 L par personne[10], un écart dû, au moins en partie, à la hausse des prix de l’eau dans ces pays. Selon EurEau, le prix moyen de l’eau en Europe s’élevait à près de 4 €/m3, alors que le prix moyen de l’eau dans cinq grandes villes du Canada était d’environ 2 $ CA/mètre3 (environ 1,3 €/m3)[11]
Encadré 2: Enquête biennale sur les usines de traitement de l’eau potable (EUTEP) L’Enquête biennale sur les usines de traitement de l’eau potable (EUTEP) fournit aux Canadiens des informations nationales et régionales sur la consommation, la production, les procédés de traitement et les coûts de l’eau potable. Il s’agit d’un recensement des usines de traitement de l’eau potable desservant 300 personnes ou plus, qui fournit des données aux échelles nationales, provinciales et locales (région de drainage) dans certains cas. Les données sont produites tous les deux ans et couvrent la période allant de 2011 à 2021. Certaines erreurs dans les réponses peuvent être dues à la conception du questionnaire, aux caractéristiques d’une question, à l’incapacité ou au refus du répondant de fournir des informations exactes, à une mauvaise interprétation des questions ou à des problèmes conceptuels. Ces données fournissent aux décideurs de l’information sur le système d’approvisionnement en eau potable qui peut être utilisée pour cerner les tendances clés émergentes à l’échelle nationale, provinciale et, dans certains cas, locale. Toutefois, les données ne révèlent pas nécessairement les causes profondes de ces tendances. |
Une part importante et croissante de la consommation d’eau potable au Canada est attribuée aux pertes du système de distribution. Les pertes d’eau à l’échelle nationale sont passées de 13 % en 2011 (673 millions de litres) à 17 % en 2021 (806 millions de litres) de la consommation totale d’eau potable[12]. Bien que les causes particulières de cette augmentation ne soient pas entièrement comprises, elles peuvent probablement être attribuées à une combinaison de fuites dues au vieillissement de l’infrastructure, de consommation non autorisée et d’erreurs de comptage ou de calcul des données.
La consommation d’eau potable varie considérablement au Canada, allant de 283 L par personne et par jour au Manitoba à 709 L par personne et par jour à Terre-Neuve-et-Labrador[13]. Les différences de consommation entre les provinces peuvent être attribuées à un certain nombre de facteurs, notamment des pertes d’eau plus importantes et des niveaux différents de comptage de l’eau et de pratiques de conservation. La figure 3 ci-dessous montre la consommation quotidienne moyenne d’eau potable par habitant, par province et territoire.
Figure 3: La consommation totale d’eau potable varie considérablement d’une région à l'autre au Canada

Remarque : Cette figure présente une ventilation par province de la consommation quotidienne moyenne d’eau par personne. Source : Statistique Canada. Tableau 38-10-0271-01: Utilisation d’eau potable selon le secteur et utilisation quotidienne moyenne. 2023.
Texte alternatif de la figure 3 (cliquez ici pour afficher)
Consommation quotidienne moyenne d'eau par personne, 2021
Province ou territoire | Consommation quotidienne moyenne d'eau par personne (litres par jour) |
Terre-Neuve-et-Labrador | 709 |
Île-du-Prince-Édouard | 365 |
Nouveau-Brunswick | 370 |
Québec | 513 |
Ontario | 335 |
Manitoba | 283 |
Saskatchewan | 362 |
Alberta | 330 |
Colombie-Britannique | 465 |
Yukon | 555 |
Territoires du Nord-Ouest | 361 |
Nunavut | 234 |
Les niveaux de consommation peuvent être fortement influencés par les mécanismes par lesquels les consommateurs paient pour les services d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées. Les mécanismes de tarification qui utilisent des compteurs d’eau et exigent des consommateurs qu’ils paient l’eau en fonction du volume consommé peuvent être efficaces pour promouvoir une consommation efficace de l’eau. Il peut s’agir de mécanismes de tarification échelonnée qui font payer davantage en fonction du volume consommé, ce qui encourage les consommateurs à adopter des habitudes d’économie d’eau.
Les Canadiens paient pour les services d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées par l’intermédiaire de divers mécanismes, notamment les mécanismes ci-dessous.
- Taux forfaitaire : taux fixe qui est facturé sur une base mensuelle, quel que soit le volume d’eau consommé. Les taux forfaitaires ne font pas de distinction entre les consommateurs à volume élevé et les consommateurs à faible volume, ce qui peut faire en sorte qu’une part disproportionnée du coût du service soit assumée par les consommateurs à faible volume.
- Taux volumétrique uniforme : coût constant par unité d’eau ou d’eaux usées qui ne varie pas en fonction de la quantité consommée. Il s’agit d’une approche utilisateur-payeur où des compteurs sont utilisés pour contrôler la consommation, et où ceux qui consomment plus paient plus, ce qui incite à la conservation. Les provinces où les compteurs d’eau sont plus nombreux affichent des niveaux de consommation d’eau potable plus faibles.
- Taux volumétrique par tranche : taux déterminés et variables pour des volumes de consommation d’eau déterminés (c.-à-d., les tranches). Les structures par tranche offrent aux services publics la possibilité de personnaliser les taux afin d’atteindre plusieurs objectifs. Par exemple, la tranche la plus basse d’un taux croissant peut être fixée intentionnellement à un prix bas afin de maintenir un certain niveau d’accessibilité pour les consommateurs à faible revenu.
- Droits d’aménagement : frais uniques pour les nouveaux aménagements ou les réaménagements, les coûts étant assumés par les promoteurs ou les occupants finaux plutôt que par les utilisateurs du système existant ou les contribuables. Ces frais visent à recouvrer les coûts d’investissement liés à l’expansion en desservant les nouveaux développements.
- Taxe municipale : Bien qu’il s’agisse d’une pratique moins courante actuellement, le financement de l’eau par l’impôt foncier était une pratique courante au Canada dans le passé, et l’est encore au Québec et pour les services de gestion des eaux pluviales dans de nombreuses municipalités.
Outre les compteurs d’eau, de nombreuses municipalités et provinces canadiennes ont mis en œuvre des programmes de conservation de l’eau. Ces programmes comprennent souvent des campagnes d’éducation du public, des remises ou des mesures incitatives pour les appareils économes en eau (comme les toilettes et les pommes de douche à faible débit), et des lignes directrices pour des pratiques d’aménagement paysager économes en eau. De plus, certaines provinces disposent de réglementations et de lignes directrices distinctes visant à améliorer la consommation efficace de l’eau dans divers secteurs, comme l’agriculture, l’industrie et les systèmes d’approvisionnement en eau des municipalités. Ces réglementations peuvent comprendre des exigences en matière de réutilisation de l’eau, de détection des fuites et de pratiques d’irrigation efficaces[14].
Encadré 3: Les compteurs d’eau au Canada L’adoption des compteurs comme méthode de mesure de la consommation d’eau et d’établissement des prix connexes varie considérablement d’une municipalité à l’autre du pays. Aucune donnée sur l’utilisation des compteurs d’eau n’est disponible à l’échelle des municipalités, mais l’Enquête sur les ménages et l’environnement de Statistique Canada présente des données relatives à la proportion de ménages utilisant un compteur d’eau aux niveaux national et provincial. Sur la scène nationale, 40 % des ménages alimentés par les réseaux municipaux d’approvisionnement en eau avaient un compteur d’eau en 2021 . Les provinces comptant les plus fortes proportions de ménages disposant de compteurs d’eau municipaux étaient la Saskatchewan (63 %), l’Alberta (63 %), le Manitoba (63 %) et l’Ontario (56 %) . En revanche, l’utilisation des compteurs d’eau municipaux est beaucoup plus faible dans certaines provinces, notamment au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador, où, respectivement, 78 % et 87 % des ménages n’ont pas de compteur d’eau. De façon à évaluer avec exactitude l’incidence du recours aux compteurs d’eau sur la consommation d’eau, il faut des données de niveau municipal sur l’utilisation des compteurs et la consommation d’eau. Des données de niveau provincial peuvent toutefois fournir certaines perspectives au sujet du rapport entre l’utilisation des compteurs d’eau et la consommation. Ainsi, les provinces qui affichent des niveaux élevés de recours aux compteurs municipaux présentent également des taux de consommation d’eau par habitant plus faibles que les provinces où les taux d’utilisation des compteurs sont inférieurs. De même, en 2021, les quatre provinces qui affichaient les plus forts taux d’utilisation de compteurs municipaux étaient aussi celles qui enregistraient les plus faibles moyennes de consommation quotidienne par habitant, allant de 283 litres au Manitoba à 362 litres en Saskatchewan (voir la figure 3-1 ci-dessus). |
Qualité de l’eau potable
Les Canadiens bénéficient de niveaux d’accès à l’eau potable très élevés, car la vaste majorité des habitants profitent de services d’eau gérés de manière sécuritaire[15]. Toutefois, des interruptions des services d’eau potable et des avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable sont encore constatés, en particulier dans les collectivités autochtones, les petites collectivités et les collectivités éloignées. Ces interruptions d’accès se traduisent généralement par des avis concernant la qualité de l’eau potable.
Les avis concernant la qualité de l’eau potable sont des messages qui visent à protéger la santé publique contre les risques réels ou potentiels pour la santé liés à l’eau potable. Ces avis sont généralement émis par mesure de précaution, ce qui signifie qu’ils sont typiquement lancés avant que ne survienne un problème de qualité de l’eau potable. Les avis peuvent prendre trois formes : interdiction de consommer, interdiction d’utiliser et avis d’ébullition d’eau. Les avis d’ébullition d’eau sont de loin les plus courants, représentant environ 98 % des données liées aux avis concernant la qualité de l’eau potable chaque année.
La plupart des avis d’ébullition d’eau sont diffusés parce que l’équipement et les procédés servant à traiter, à stocker ou à distribuer l’eau potable ont subi une défaillance, nécessitent un entretien ou ont été altérés par des conditions environnementales. En 2021, ces avis représentaient 90 % des avis d’ébullition d’eau, les 10 % restants étant dus à la contamination par des bactéries, dont E. coli. Les problèmes relatifs aux équipements et aux processus qui donnent lieu aux avis sont souvent exacerbés par des difficultés en matière d’exploitation ou de dotation en personnel.
Encadré 4 : Avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable dans les collectivités autochtonesLes avis concernant la qualité de l’eau potable sont concentrés de manière disproportionnée dans les collectivités autochtones, et ces avis sont souvent maintenus pendant des périodes beaucoup plus longues, certaines collectivités faisant l’objet d’avis depuis des décennies. En date du 28 juin 2024, 30 avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable (c.-à-d., d’une durée supérieure à un an) étaient en place dans les systèmes publics de 28 collectivités des Premières Nations. Diverses initiatives, allant d’études de faisabilité à des projets de réparation et de mise à niveau, en passant par de nouvelles constructions, sont en cours dans chaque collectivité pour remédier aux avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable. Outre les avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable qui persistent, les collectivités autochtones sont également confrontées à des problèmes réguliers qui nécessitent des avis à plus court terme. En date du 18 juillet 2024, 39 avis à court terme concernant la qualité de l’eau potable étaient en vigueur dans les collectivités des Premières Nations situées au sud du 60e parallèle, à l’exclusion de celles situées en Colombie-Britannique. Les avis concernant la qualité de l’eau potable en Colombie-Britannique sont signalés par la Régie de la santé des Premières Nations. En date du 30 juin 2024, 31 avis concernant la qualité de l’eau potable étaient en vigueur dans les collectivités des Premières Nations de la Colombie-Britannique. |
En 2020, près de la moitié des propriétaires d’infrastructures publiques hors réserve n’avaient pas émis d’avis concernant la qualité de l’eau potable, 17 % étaient inconnus et les 35 % restants avaient émis au moins un avis[16]. Certaines provinces et certains territoires ont émis une plus grande proportion d’avis que d’autres. Par exemple, au moins 90 % des répondants de l’Île-du-Prince-Édouard et du Yukon n’avaient pas émis d’avis concernant la qualité de l’eau potable. D’autre part, 58 % des répondants de Terre-Neuve-et-Labrador et 52 % des répondants du Nouveau-Brunswick avaient émis au moins un avis concernant la qualité de l’eau potable.
Entre 2010 et 2021, la majorité des avis d’ébullition de l’eau ont été émis dans des collectivités de 500 habitants ou moins. Les avis d’ébullition d’eau sont plus fréquents dans ces petites collectivités parce que celles-ci sont confrontées à des défis particuliers, notamment des ressources et des capacités opérationnelles limitées. Par exemple, la rupture d’une canalisation d’eau dans une grande ville est généralement isolée et réparée rapidement par le personnel, sans qu’il soit nécessaire d’émettre un avis d’ébullition de l’eau. Dans une petite collectivité, le même problème peut prendre plus de temps à résoudre, car cette collectivité ne dispose pas nécessairement des fonds requis pour réaliser les investissements nécessaires. Dans de tels cas, un avis d’ébullition de l’eau peut être émis pendant que les réparations sont effectuées.
Figure 4: Les interruptions des services d’eau potable se produisent de façon disproportionnée dans les petites collectivités

Remarque: Cette figure présente les pourcentages d’avis d’ébullition de l’eau émis selon la taille des collectivités. Source : Environnement et Changement climatique Canada, application sur les avis concernant la qualité de l’eau potable du Réseau canadien de renseignements sur la santé publique (2022).
Texte alternatif de la figure 4 (cliquez ici pour afficher)
Pourcentage d'avis d'ébullition de l'eau selon la taille des collectivités
Taille de la collectivité | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 |
0 à 100 personnes | 48 % | 43 % | 44 % | 41 % | 43 % | 43 % | 38% | 45 % | 44 % | 46 % | 56 % | 56 % |
101 à 500 personnes | 32 % | 36 % | 33 % | 38 % | 39 % | 37 % | 32% | 32 % | 33 % | 34 % | 31 % | 33 % |
501 à 5000 personnes | 19 % | 21 % | 21 % | 19 % | 17 % | 18 % | 25% | 21 % | 21 % | 19 % | 13 % | 11 % |
Plus de 5000 personnes | 1 % | 1 % | 2 % | 2 % | 1 % | 2% | 5% | 2 % | 2 % | 1 % | 1 % | 1 % |
Gouvernance des services d’assainissement
Tous les ordres de gouvernement partagent la responsabilité de la gestion de la collecte, du traitement et du rejet des effluents d’eaux usées. Cette responsabilité partagée nécessite une coopération et une collaboration étroites entre les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux, ainsi qu’avec les corps dirigeants autochtones. Le gouvernement fédéral réglemente les systèmes de traitement des eaux usées par le truchement du Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées (le Règlement), établies en vertu de la Loi sur les pêches et administrées par Environnement et Changement climatique Canada[17]. Le Règlement fixe les normes nationales de qualité des effluents (pour les eaux usées rejetées) des installations de traitement des eaux usées, garantissant que les substances nocives rejetées dans les plans d’eau sont réduites au minimum afin de protéger les poissons, leur habitat et la santé humaine. Les normes nationales en matière d’effluents sont conçues pour pouvoir être respectées grâce à un traitement secondaire des eaux usées. S’appliquant aux propriétaires et aux exploitants (municipalités, collectivités autochtones et entités fédérales, provinciales ou privées, etc.), le Règlement constitue une mesure essentielle pour réduire l’incidence des eaux usées sur les écosystèmes aquatiques du Canada.
Bien que le Règlement soit juridiquement contraignant, il ne s’applique pas aux systèmes de traitement des eaux usées situés dans les régions arctiques (Nunavut, Territoires du Nord-Ouest et au nord du 54e parallèle à Terre-Neuve-et-Labrador et au Québec), car des recherches supplémentaires sont nécessaires pour fixer des normes appropriées aux conditions climatiques extrêmes de ces régions. Toutefois, les règlements provinciaux et territoriaux peuvent toujours s'appliquer.[18] Les rejets d’eaux usées de ces systèmes nordiques restent soumis aux dispositions de la Loi sur les pêches relatives à la prévention de la pollution. De même, les systèmes de traitement des eaux usées qui recueillent des volumes quotidiens moyens d’effluents inférieurs à 100 m3 par année ne sont pas visés par le Règlement, mais demeurent assujettis à la Loi.
Dans les collectivités où d’importants travaux de construction ou de modernisation des infrastructures de traitement des eaux usées sont nécessaires pour respecter les normes de qualité des effluents, une autorisation transitoire peut être délivrée en vertu du Règlement afin de donner le temps de planifier, de financer et de moderniser les systèmes de traitement des eaux usées.
Outre les autorités fédérales, les gouvernements provinciaux délivrent généralement des autorisations ou des permis pour l’établissement, la construction et l’exploitation de systèmes de traitement des eaux usées. Il existe également au Canada diverses réglementations et pratiques provinciales ou territoriales en matière d’eaux usées qui régissent le traitement et le rejet des effluents d’eaux usées. Dans les cas où les réglementations provinciales ou territoriales en matière d’eaux usées sont jugées équivalentes au Règlement, un accord d’équivalence bilatéral peut être établi si une province ou un territoire souhaite réduire la charge administrative et accroître la collaboration avec le gouvernement fédéral. Une fois que l’application des règlements fédéraux est levée, le Règlement ne s’applique plus et le régime provincial ou territorial devient le seul régime applicable. Deux accords d’équivalence sont actuellement en vigueur, l’un avec le Yukon, qui a été signés en 2014, et l’autre avec le Québec, qui a été signé en 2018.
Il n’existe actuellement aucune réglementation fédérale distincte qui régit particulièrement la gestion des eaux pluviales au Canada. Toutefois, certaines lois fédérales importantes, comme la Loi sur les pêches et la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) (LCPE), contribuent à la gestion des substances toxiques susceptibles d’être transportées par les eaux pluviales. En général, les provinces et les territoires élaborent des politiques et des réglementations précises qui ont une incidence directe sur la gestion des eaux pluviales et fixent des normes concernant les rejets d’eaux pluviales dans leur environnement respectif. En outre, les autorités municipales élaborent également des politiques et des réglementations précises concernant les eaux pluviales en fonction de leurs propres besoins. Les gouvernements municipaux sont aussi responsables de la conception, de la construction, du fonctionnement et de l’entretien des infrastructures de gestion des eaux pluviales, y compris les égouts pluviaux, les bassins de rétention et les infrastructures naturelles et hybrides.
Traitement des eaux usées
En 2022, le volume des eaux usées municipales rejetées dans l’environnement au Canada s’élevait à 5 661 millions de mètres cubes[19]. Ce volume est demeuré relativement stable depuis 2013, oscillant entre 5 348 millions m3 et 6 162 millions m3 [20]. En 2022, 96 % de toutes les eaux usées municipales (y compris les débordements d’égouts unitaires) avaient été soumises à une forme ou l’autre de traitement visant à en éliminer les contaminants avant d’être rejeté dans l’environnement[21].
Encadré 5: Systèmes de traitement des eaux usées municipales au CanadaLe programme statistique du Systèmes de traitement des eaux usées municipales au Canada est un recensement des systèmes de traitement des eaux usées municipales au Canada dont les débits quotidiens sont égaux ou supérieurs à |
Au chapitre du traitement des eaux usées, des limites nationales de qualité des effluents ont été fixées par le gouvernement fédéral dans le cadre du Règlement, qui peuvent être atteintes grâce à un traitement secondaire. Un certain nombre de collectivités sont encore desservies par des systèmes de traitement des eaux usées dont le traitement des effluents est inférieur à cette limite. Entre 2016 et 2021, la proportion de systèmes de traitement des eaux usées municipales déclarés qui respectaient les normes réglementaires de qualité des effluents a légèrement diminué, passant de 81 % à 76 %[22]. En revanche, le volume d’effluents respectant les normes a légèrement augmenté, passant de 70 % à 71 %[23].
Trois autorisations permettent de rejeter des effluents qui ne satisfont pas aux normes de qualité prévues par le Règlement. Ces autorisations sont accordées pour des raisons particulières et sont limitées dans le temps[24]. Ce sont :
- les autorisations transitoires, c.-à-d., les prolongations visant à permettre aux installations de mettre leurs systèmes à niveau;
- les autorisations temporaires de dérivation, c.-à-d., les autorisations de dépasser les normes de la réglementation pour les activités d’entretien et de construction;
- les autorisations temporaires visant les rejets d’ammoniac non ionisé, c.-à-d., les autorisations accordées aux systèmes qui respectent les normes de qualité des effluents, mais qui ont des problèmes avec l’ammoniac.
Dans les systèmes de traitement des eaux usées municipales, les eaux usées provenant des douches, des toilettes, de la lessive, de la vaisselle et des drains sont pompées vers des installations de traitement des eaux usées. Les eaux usées municipales peuvent être traitées à différents niveaux, chaque niveau comprenant des activités ou des technologies particulières (voir le figure 5 ci-dessous). La méthode de traitement des eaux usées dépend des types de contaminants présents dans les eaux usées, de l’environnement récepteur des eaux usées traitées et des exigences en matière d’effluents fondées sur les réglementations locales, provinciales et fédérales.
Les usines de traitement des eaux usées appliquent différents niveaux de traitement pour éliminer les contaminants des eaux usées avant qu’elles soient rejetées dans l’environnement, notamment :
- aucun traitement, ou seulement un tamisage ou un dessablage;
- un traitement primaire, c.-à-d., l’élimination d’une partie des solides en suspension et des matières organiques par des procédés physiques ou chimiques;
- un traitement secondaire, c.-à-d., l’élimination des matières organiques et des solides en suspension à l’aide de procédés de traitement biologique et de décantation secondaire;
- un traitement tertiaire, c.-à-d., l’élimination de substances préoccupantes (solides, nutriments ou contaminants) particulières après le traitement secondaire à l’aide de plusieurs procédés physiques, chimiques ou biologiques[25].
Le niveau de traitement appliqué aux eaux usées varie considérablement d’une province ou d’un territoire à l’autre. La Saskatchewan, l’Alberta et le Yukon soumettent la totalité (100 %) de leurs eaux usées à un traitement secondaire ou de niveau supérieur, tandis que l’Île-du-Prince-Édouard, l’Ontario et le Manitoba s’approchent de cette proportion de 100 %. C’est à Terre-Neuve-et-Labrador qu’a été enregistrée la plus forte proportion (43 %) d’eaux usées déversées dans l’environnement sans avoir été traitées d’abord[26].
Figure 5: La qualité des effluents d’eaux usées rejetés dans l’environnement varie considérablement d’une région à l’autre du Canada

Remarque: Cette figure montre la proportion d’eaux usées rejetées par province ou territoire en 2022. Source : Statistique Canada. Tableau 38-10-0124-01 : Volume d’eaux usées rejetées des systèmes d’égout municipal, selon la catégorie de traitement (x 1 000 000). 2024. Tableau 38-10-0100-01 : Volume des décharges de débordement d’égouts unitaires (x 1 000 000). 2024. Remarque : Comme aucune valeur relative aux décharges de débordement d’égouts unitaires n’est disponible pour le Québec après 2018, la province est exclue de ce graphique. Données non disponibles pour le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest.[27]
Texte alternatif de la figure 5 (cliquez ici pour afficher)
Proportion des eaux usées rejetées par catégorie de traitement en 2022
Province ou territoire | Débordement d'un égout unitaire | Pas de traitement | Traitement primaire | Traitement secondaire | Traitement tertiaire |
Terre-Neuve-et-Labrador | 0 % | 43 % | 44 % | 13 % | 1 % |
Île-du-Prince-Édouard | 0 % | 0 % | 2 % | 75 % | 23 % |
Nouvelle-Écosse | 24 % | 11 % | 49 % | 27 % | 14 % |
Nouveau-Brunswick | 15 % | 0 % | 23 % | 76 % | 1 % |
Québec | 0 % | 1 % | 48 % | 43 % | 8 % |
Ontario | 0 % | 0 % | 1 % | 57 % | 42 % |
Manitoba | 15 % | 0 % | 1 % | 82 % | 16 % |
Saskatchewan | 0 % | 0 % | 0 % | 54 % | 44 % |
Alberta | 2 % | 0 % | 0 % | 15 % | 85 % |
Colombie-Britannique | 7 % | 1 % | 37 % | 50 % | 12 % |
Yukon | 0 % | 0 % | 0 % | 100 % | 0 % |
État des infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées au Canada
Les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées peuvent être définies comme les structures physiques ou naturelles de base nécessaires à la gestion de l’eau, des eaux usées et des eaux pluviales. Cela comprend les barrages et les réservoirs, les usines d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées, les systèmes d’égouts pour la collecte et le transport des eaux usées et des eaux pluviales, ainsi que les actifs construits ou naturels qui contribuent à l’atténuation des inondations (p. ex., les milieux humides, les digues et les surfaces perméables). Ces infrastructures comprennent également les réseaux de canalisations et de pompes pour distribuer l’eau potable aux habitants et aux installations commerciales et industrielles. Les Canadiens comptent sur ces systèmes pour fournir de l’eau potable aux habitations et pour collecter et transporter les eaux usées afin de les traiter avant de les rejeter dans l’environnement.
Les infrastructures d’approvisionnement en eau, de traitement des eaux usées et d’eaux pluviales sont composées de plusieurs éléments, notamment les suivants:
· Infrastructures d’approvisionnement en eau:
- les canalisations de distribution locale qui fournissent de l’eau potable directement aux habitations, aux entreprises et aux institutions du Canada, ainsi que les canalisations de transport qui acheminent l’eau depuis sa source jusqu’aux sites de traitement et de stockage;
- les réservoirs d’eau qui servent à stocker l’eau avant son transport et sa distribution, les stations de pompage qui servent à transporter l’eau d’un endroit à un autre et à assurer un flux régulier d’eau potable vers les utilisateurs finaux, ainsi que les usines de traitement de l’eau qui servent à garantir que l’eau potable municipale est propre à la consommation.
· Infrastructures de traitement des eaux usées:
- les canalisations d’égout et les stations de pompage qui servent à collecter et à transporter les eaux usées;
- les usines de traitement des eaux usées, les lagunes et les réservoirs de stockage qui servent à traiter et à stocker les eaux usées.
· Infrastructures de traitement des eaux pluviales:
- les canalisations de collecte des eaux pluviales, les fossés ouverts et les ponceaux permettant de collecter et de transporter les eaux pluviales;
- les stations de pompage des eaux pluviales, les bassins servant à la gestion des eaux pluviales, ainsi que toutes les autres installations de gestion ou de traitement des eaux pluviales de fin de chaîne qui traitent, stockent ou gèrent les eaux pluviales;
- les infrastructures naturelles ou hybrides, comme les biorécipients, les zones humides pour les eaux pluviales, les revêtements perméables et les jardins de pluie, qui interceptent, absorbent, filtrent ou retiennent les eaux pluviales, contribuant à réduire la quantité d’eau de ruissellement qui pénètre dans les égouts lors d’événements de précipitation.
Infrastructures d’approvisionnement en eau
L’eau est prélevée à la source (eau de surface ou eau souterraine), puis traitée avant d’être pompée dans les habitations et les entreprises. La qualité des sources d’eau et les réglementations applicables en matière de qualité de l’eau potable déterminent la méthode et le niveau de traitement de l’eau[28]. Le traitement peut comprendre plusieurs étapes de filtration pour éliminer les particules en suspension, les débris et les algues, ainsi que des méthodes de désinfection comme la chloration et le traitement à la lumière ultraviolette pour tuer ou neutraliser les bactéries et les virus et pour purifier l’eau.
Après le traitement, les systèmes municipaux d’approvisionnement distribuent l’eau aux habitations, aux institutions, aux entreprises et aux autres consommateurs au moyen d’un réseau de canalisations principales et de canalisations de branchement enterrées sous les routes et les trottoirs. Ces réseaux de distribution d’eau sont généralement entretenus par les autorités locales.
En 2021, les systèmes municipaux d’approvisionnement constituaient la principale source d’approvisionnement en eau pour 88 % des logements au Canada[29]. Les ménages qui ne sont pas raccordés aux systèmes municipaux s’approvisionnent généralement en eau potable à partir de puits privés. Les petits systèmes d’approvisionnement en eau du Nord canadien utilisent souvent des camions pour acheminer l’eau potable aux citoyens. Ces données ne comprennent toutefois pas les logements situés au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, les ménages situés dans les réserves et dans d’autres établissements autochtones dans les provinces, ainsi que les ménages composés entièrement de membres à temps plein des Forces armées canadiennes.
Infrastructures de traitement des eaux usées et des eaux pluviales
Les services de traitement des eaux usées et des eaux pluviales comprennent la collecte et le traitement des eaux usées provenant de sources résidentielles et commerciales; le rejet des eaux usées en toute sécurité dans l’environnement; la prévention des inondations dues au ruissellement des précipitations; et la protection de la qualité de l’eau contre les contaminants qui s’accumulent sur les surfaces dans les zones urbaines.
Dans certains cas, les eaux usées et les eaux pluviales sont gérées par des systèmes d’égouts unitaires, où les eaux usées et les eaux pluviales circulent dans les mêmes canalisations. Ces systèmes peuvent poser des problèmes en cas de précipitations et de fonte des neiges importantes, entraînant le rejet d’eaux usées brutes dans les eaux de surface et les cours d’eau. Les municipalités travaillent activement à la conversion des systèmes unitaires en systèmes séparatifs[30].
Dans les systèmes d’égouts séparatifs, la collecte des eaux usées sanitaires est isolée de la collecte des eaux pluviales. La séparation des eaux usées sanitaires et des eaux de ruissellement permet de réduire la charge des infrastructures d’eaux pluviales et des installations de traitement et d’atténuer ou d’éliminer les débordements d’eaux usées sanitaires.
En 2022, la proportion de la population desservie par des systèmes municipaux de traitement des eaux usées était restée stable au cours de la décennie précédente, à environ 83 %[31]. La proportion de la population desservie par chaque catégorie de traitement est également restée stable, avec environ 28 %, 41 % et 13 % de la population totale pour les traitements tertiaires, secondaires et primaires, respectivement[32]. Environ 1 % de la population était desservie par des systèmes rejetant des eaux usées non traitées[33]. Les collectivités qui n’ont pas accès à des systèmes municipaux dépendent généralement de systèmes indépendants, comme des fosses septiques, ou de systèmes collectifs à petite échelle pour l’élimination des eaux usées.
Divers facteurs, dont la géographie physique du Canada et la densité de la population, influencent la proportion de la population desservie par les systèmes municipaux de traitement des eaux usées. Par exemple, il peut être plus difficile de fournir des services de traitement des eaux usées centralisés dans les collectivités où la population est répartie sur une vaste zone géographique. La majorité des petites collectivités du Nord canadien s’appuient sur des systèmes passifs pour traiter les eaux usées, comme des étangs de stabilisation des eaux usées, des lagunes et des milieux humides de traitement, et parfois, pour les systèmes les plus petits, des champs d’épuration.
La proportion de la population desservie par des systèmes municipaux de traitement des eaux usées et le niveau de traitement de ces systèmes varient considérablement d’un bout à l’autre du pays. En 2022, la proportion de la population desservie par des systèmes municipaux de traitement des eaux usées variait de 49 % à l’Île-du-Prince-Édouard à 88 % au Québec. L’Alberta avait la plus forte proportion de la population (72 %) desservie par un traitement des eaux usées de niveau tertiaire, tandis que c’est au Yukon que se trouvait la plus forte proportion de la population (68 %) desservie par un traitement des eaux usées de niveau secondaire. C’est en Nouvelle-Écosse que la proportion de la population desservie par un traitement des eaux usées de niveau primaire était la plus élevée (36 %). Une proportion importante de la population de Terre-Neuve-et-Labrador (32 %) était desservie par des systèmes municipaux qui rejettent les eaux usées dans l’environnement sans traitement préalable. La majorité des systèmes qui rejettent des eaux usées non traitées sont situés dans des collectivités côtières.
Figure 6: La proportion de la population desservie par des systèmes municipaux de traitement des eaux usées et le niveau de traitement utilisé varient considérablement d’un bout à l’autre du pays[34]

Remarque: Cette figure montre la proportion de la population desservie par des systèmes municipaux de traitement des eaux usées, par niveau de traitement, dans les provinces et les territoires en 2022. Données non disponibles pour le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest. Source : Statistique Canada. Tableau 38-10-0125-01 : Population desservie par les systèmes de traitement des eaux usées municipales selon la catégorie de traitement. 2024; Tableau 17-10-0009-01 : Estimations de la population, trimestrielles. 2025.[35]
Texte alternatif de la figure 6 (cliquez ici pour afficher)
Proportion de la population desservie par des réseaux municipaux de traitement des eaux usées en 2022 (pourcentage)
Province ou territoire | Pas de traitement | Traitement primaire | Traitement secondaire | Traitement tertiaire |
Terre-Neuve-et-Labrador | 32 % | 28 % | 13 % | 1 % |
Île-du-Prince-Édouard | 0 % | 1 % | 39 % | 9 % |
Nouvelle-Écosse | 4 % | 36 % | 19 % | 8 % |
Nouveau-Brunswick | 0 % | 16 % | 42 % | 0 % |
Québec | 1 % | 33 % | 46 % | 8 % |
Ontario | 0 % | 0 % | 47 % | 36 % |
Manitoba | 1 % | 1 % | 61 % | 13 % |
Saskatchewan | 0 % | 0 % | 39 % | 30 % |
Alberta | 0 % | 0 % | 13 % | 72 % |
Colombie-Britannique | 0 % | 28 % | 39 % | 16 % |
Yukon | 0 % | 0 % | 68 % | 0 % |
État des infrastructures
Les données de l’Enquête sur les infrastructures publiques essentielles du Canada (IPEC) donnent une idée de l’état actuel des infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées du Canada. Cette enquête demande aux propriétaires d’infrastructures publiques de fournir de l’information sur le nombre et l’état physique de tous les actifs d’infrastructure existants. Les évaluations vont de « très mauvais » (travaux importants ou remplacement urgent requis) à « très bon » (bon état physique).
Encadré 6: L’Enquête sur les infrastructures publiques essentielles du Canada (IPEC)Le but de l’Enquête est de recueillir des renseignements statistiques sur le parc, l’état, le rendement et les stratégies de gestion des actifs relatifs aux infrastructures publiques essentielles existantes que possèdent ou louent les divers ordres de gouvernement au Canada. L’Enquête porte sur les administrations locales, municipales, régionales, provinciales, territoriales et fédérales, y compris les sociétés d’État, qui possèdent un ou plusieurs actifs d’infrastructure publique essentielle. L’Enquête exclut les collectivités des Premières Nations, mais pas les établissements métis de l’Alberta et les collectivités inuites, y compris celles du Québec. Les estimations de l’Enquête peuvent contenir des erreurs attribuables à une estimation erronée de la population servie, à des différences quant à l’interprétation des questions, à des réponses incorrectes de la part des répondants et à des erreurs d’enregistrement, de codage et de traitement des données. Des microdonnées pondérées sont utilisées pour tenir compte du nombre total de non-réponses afin que les estimations finales soient représentatives de l’ensemble de la population sondée. Des estimations pondérées sont produites au moyen du Système généralisé d’estimation. Les renseignements tirés de cette enquête peuvent être utilisés pour mieux comprendre les tendances quant à l’état des infrastructures publiques essentielles du Canada et les pratiques de gestion des propriétaires d’actifs. Cependant, la possibilité de tirer des conclusions sur la capacité des infrastructures à fournir des services aux Canadiens et sur les risques potentiels qui pèsent sur ces services est limitée. Par exemple, les données de l’IPEC ne montrent aucun lien entre le piètre état des infrastructures vieillissantes et les problèmes d’inefficacité des systèmes, comme les pertes d’eau. |
À l’échelle nationale, la majorité des infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées existantes sont en bon ou en très bon état. Cependant, plus de 10 % des actifs existants pour la plupart des types d’actifs sont en mauvais ou en très mauvais état et nécessitent des travaux importants pour éviter une défaillance à court terme. Il existe d’importantes disparités régionales, les infrastructures existantes étant en bien plus mauvais état dans certaines parties du pays que dans d’autres. En outre, il existe un écart important en matière d’infrastructures entre les collectivités autochtones et non autochtones au Canada.
En ce qui concerne les canalisations d’eau locales existantes, environ 14 % d’entre elles étaient en mauvais ou en très mauvais état en 2022, tandis qu’environ 61 % étaient en bon ou en très bon état. C’est en Ontario que l’on retrouve la plus forte proportion de canalisations d’eau locales existantes jugées en très bon état, soit près de la moitié de l’ensemble des canalisations (45 %). Par ailleurs, plus d’un quart des canalisations existantes à Terre-Neuve-et-Labrador sont jugées en mauvais ou en très mauvais état (23 %).
Pour les usines de traitement de l’eau existantes, 8 % étaient en mauvais ou en très mauvais état en 2022, tandis que 68 % étaient en bon ou en très bon état. Toutes les administrations ont une proportion plus élevée d’actifs en bon ou en très bon état que d’actifs en mauvais ou en très mauvais état. Aucune administration ne dépasse une proportion de 14 % d’actifs en mauvais ou en très mauvais état, tandis que les actifs en très bon état atteignent une proportion de 94 % au Nunavut. Pour plus de la moitié des installations existantes dans chaque province et territoire, les usines de traitement de l’eau existantes sont jugées en bon ou en très bon état.
Figure 7: Bien que la majorité des infrastructures d’approvisionnement en eau, de traitement des eaux usées et d’eaux pluviales soient en bon ou en très bon état, des mesures doivent être prises à court terme pour améliorer les infrastructures en mauvais ou en très mauvais état



Remarque: Ces figures montrent la répartition des actifs d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées et pluviales en fonction de leur état. Statistique Canada. Tableau 34-10-0288-01: Distribution des parcs d’actifs d’infrastructures publiques essentielles selon l’évaluation de l’état physique. 2025.
Texte alternatif de la figure 7 (cliquez ici pour afficher)
État des actifs d’approvisionnement en eau potable à l’échelle nationale, 2022 (en pourcentage)
Type d'actif | Très mauvais | Mauvais | Passable | Bon | Très bon | État physique inconnu | ||
Tuyaux de diamètre inconnu | 5,2 % | 10,8 % | 24,3 % | 23,7% | 13 % | 23 % | ||
Tuyaux de transmission | 5,4 % | 10,8 % | 19,7 % | 29,9% | 28,6 % | 5,6 % | ||
Canalisationsd'eau locales | 4,3 % | 9,8 % | 19,3 % | 27,6% | 33,3 % | 5,7 % | ||
Stations de pompage d'eau | 2,9 % | 5,8 % | 18,7 % | 37 % | 27,8 % | 7,7 % | ||
Actifs de stockage d'eau | 2,6 % | 5,5 % | 22,3 % | 39,9 % | 22,7 % | 6,9 % | ||
Installations de traitement deseaux | 3,1 % | 4,7 % | 17,7 % | 38,4 % | 29,5 % | 6,6 % | ||
État des actifs en matière d’eaux usées à l’échelle nationale, 2022 (en pourcentage)
Type d'actif | Très mauvais | Mauvais | Passable | Bon | Très bon | État physique inconnu |
Canalisations de refoulement sanitaires | 2,6 % | 5 % | 19,5 % | 34,7 % | 25,9 % | 12,2 % |
Tuyaux d'égout (diamètre inconnu) | 4,1 % | 8,5 % | 28,1 % | 26,9 % | 11,2 % | 21,3 % |
Tuyaux d'égout (>1 500 mm) | 7,6 % | 8,8 % | 16,6 % | 28,7 % | 25,9 % | 12,4 % |
Canalisations d'égouts (>450 mm mais <1, 500 mm) | 4,9 % | 7,7 % | 20,2 % | 22,7 % | 32,8 % | 11,7 % |
Tuyaux d'égouts (<;450 mm) | 4,5 % | 8,4 % | 19,3 % | 28,9 % | 28,4 % | 10,4 % |
Réservoirs de stockage des eaux usées | 2,2 % | 2,8 % | 20,1 % | 34,4 % | 28,2 % | 12,4 % |
Stations de pompage et de relevage des eaux usées | 4,2 % | 8,3 % | 23,1 % | 37,8 % | 21,1 % | 5,5 % |
Systèmes de lagunage | 3,3 % | 7,4 % | 20,7 % | 37 % | 24,4 % | 7,2 % |
Stations d’épuration des eaux usées | 4,1 % | 6,2 % | 19,7 % | 36,1 % | 25,1 % | 8,9 % |
État des actifs en matière d’eaux pluviales à l'échelle nationale, 2022 (en pourcentage)
Type d'actif | Très mauvais | Mauvais | Passable | Bon | Très bon | État physique inconnu |
Canalisationsd’eaux pluviales (diamètre inconnu) | 4,3 % | 11,1 % | 20,5 % | 24,5 % | 10,3 % | 29,4 % |
Canalisationsd'eaux pluviales (> 1 500 mm) | 2,2 % | 4 % | 22,7% | 24,8 % | 2 % | 17,6 % |
Canalisations d'eaux pluviales (> 450 mm mais < 1 500 mm) | 2,1 % | 6,2 % | 16,8% | 26,3 % | 2 % | 19,9 % |
Canalisations d'eaux pluviales ( < 450 mm) | 2,7 % | 7,4 % | 17,6% | 27,6 % | 2 % | 19,1 % |
Fossés ouverts | 1 % | 4,6 % | 20,2 % | 29,6 % | 10,3 % | 34,2 % |
Ponceaux | 3,8 % | 8,6 % | 20,3 % | 30,1 % | 18 % | 19,1 % |
Autres installations de gestion des eaux pluviales | 1,6 % | 3,5 % | 12 % | 28,1 % | 25,4 % | 29,3 % |
Bassins de gestion des eaux pluviales et zones humides | 2,2 % | 4,7 % | 13,2 % | 33 % | 22,1 % | 24,8 % |
Stations de pompages des eaux pluviales | 1,4 % | 5,9 % | 25,1 % | 29,7 % | 22,5 % | 17,5 % |
Comme les autres catégories d’actifs, les infrastructures d’eau, d’eaux usées et d’eaux pluviales peuvent être divisées en actifs linéaires, comme les canalisations, et non linéaires, comme les usines de traitement de l’eau. L’évaluation de l’état des actifs de traitement des eaux usées linéaires existantes se concentre sur les canalisations d’égout existantes d’un diamètre inférieur à 450 millimètres (mm), car ce type d’actif constitue la majeure partie de l’ensemble des actifs de traitement des eaux usées existants. En 2022, 13 % des canalisations d’égout existantes ont été jugées en mauvais ou en très mauvais état, tandis que 57 % étaient considérées en bon ou en très bon état. L’état des 10 % restants était inconnu. Des provinces comme la Saskatchewan, l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Manitoba ont une proportion plus élevée (plus de 15 %) de petites canalisations d’égout existantes qui sont en mauvais ou en très mauvais état. En revanche, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Alberta, plus de 60 % des petites canalisations d’égout existantes sont jugées en bon ou en très bon état.[36]
Dans le cas des usines de traitement des eaux usées, les cotes de bon état et de très bon état constituent la plus forte proportion des évaluations réalisées dans la plupart des provinces en 2022. Le Québec, la Nouvelle-Écosse et l’Alberta affichent tous des proportions d’actifs en très bon état ou en bon état qui dépassent les 70 %, la moyenne nationale s’élevant à 61 %. Par ailleurs, c’est au Manitoba que l’on retrouve la plus forte proportion d’actifs évalués en mauvais ou en très mauvais état, soit 28 %. Il est important de noter que ces évaluations de l’état des actifs ne sont pas liées au niveau de traitement fourni par l’usine (voir la figure 7 ci-dessus pour connaître la proportion de la population desservie par les systèmes municipaux de traitement des eaux usées et le niveau de traitement appliqué, par province).
En 2022, 10 % des petites canalisationsd’égouts pluviaux existantes (d’un diamètre de moins de 450 mm) ont été jugées en très mauvais ou en mauvais état et 53 % étaient en bon état ou en très bon état. L’état de 19 % de ces canalisations était inconnu. Dans le cas des canalisations d’égouts pluviaux existants de taille moyenne (d’un diamètre compris entre 450 mm et 1 500 mm), 8 % ont été jugées en très mauvais ou en mauvais état et 54 % étaient en bon état ou en très bon état. L’état de 20 % des canalisations d’égouts pluviaux existantes de taille moyenne était inconnu. Pour ce qui est des grandes canalisations d’égouts pluviaux (d’un diamètre de plus de 1 500 mm), 6 % ont été jugées en très mauvais ou en mauvais état et 54 % étaient en bon état ou en très bon état. Les actifs dont l’état était inconnu représentaient 29 % des grandes canalisations.
Dans cinq territoires de compétence, au moins la moitié (50 %) des petites canalisations d’égouts pluviaux existantes ont été jugées en bon état ou en très bon état. De même, au moins la moitié (50 %) des canalisations d’égouts pluviaux existantes de taille moyenne ont été jugées en bon état ou en très bon état dans sept territoires de compétence. Enfin, dans huit territoires de compétence, la majorité des grandes canalisations d’égouts pluviaux existantes étaient en bon état ou en très bon état. C’est au Yukon qu’a été enregistrée la plus forte proportion (49 %) d’actifs en mauvais ou en très mauvais état pour ce qui est des canalisations d’égouts pluviaux de petite taille et de taille moyenne. Dans le cas des grandes canalisations, aucun territoire de compétence ne comptait plus de 15 % d’actifs en mauvais ou en très mauvais état.
En ce qui concerne les étangs et les milieux humides servant à la gestion des eaux pluviales, 7 % des actifs ont été jugés en mauvais état ou en très mauvais état et 55 % étaient en très bon ou en bon état en 2022. Les actifs évalués en mauvais ou très mauvais état représentaient une faible proportion de la distribution de chaque province et territoire, l’Ontario et la Nouvelle-Écosse affichant la proportion la plus élevée dans ces catégories (11 %). Dans le cas des autres installations de gestion des eaux pluviales, 5 % des actifs ont été évalués en mauvais ou très mauvais état et 53 % ont été jugés en très bon ou en bon état. Les actifs évalués en mauvais ou très mauvais état représentaient une faible proportion de la distribution de la plupart des provinces et territoires, la Saskatchewan affichant la plus forte proportion dans ces catégories (26 %), suivie de la Nouvelle-Écosse (19 %).
Valeur et propriété des actifs d’infrastructures[37]
Les données de l’IPEC sur la valeur de remplacement des actifs existants fournissent de l’information utile sur ce qu’il en coûterait de remplacer les actifs qui sont la propriété d’organisations publiques (à l’exception des gouvernements des Premières Nations) selon les prix et coûts actuels. À la lumière de ces données, la valeur de remplacement de tous les actifs d’eau potable, d’eaux usées et d’eaux pluviales s’élevait à 963 milliards de dollars en 2022. La valeur de remplacement des actifs en mauvais état ou en très mauvais état, qui posent des risques de défaillance à court terme, était estimée à 107 milliards de dollars. On ignore toutefois l’état d’un groupe supplémentaire d’actifs d’une valeur de 109 milliards de dollars, y compris des canalisations d’une valeur de 85 millions de dollars qui se trouvent vraisemblablement sous terre, exception faite des canalisations de refoulement et des ponceaux.
En ce qui concerne les actifs d’eau potable, la valeur de remplacement de tous les actifs s’élevait à 357 milliards de dollars en 2022, les actifs en mauvais et en très mauvais état représentant jusqu’à 41 milliards de dollars de ce total. Les canalisations qui transportent et distribuent l’eau potable représentaient la majeure partie de cette valeur, soit 275 milliards de dollars. La valeur de remplacement des installations de traitement de l’eau se chiffrait à 48 milliards de dollars, celle des autres actifs non linéaires (p. ex., installations de stockage) représentant les 34 milliards de dollars restants. Les canalisations d’eau constituaient aussi la majorité des actifs en mauvais ou très mauvais état, dont la valeur de remplacement était de 34 milliards de dollars. Suivaient les installations de traitement et les autres actifs non linéaires, avec une valeur de remplacement de 4 milliards de dollars chacun.
Au chapitre des actifs d’eaux usées, la valeur de remplacement de tous les actifs s’élevait à 359 milliards de dollars en 2022, les actifs en mauvais et en très mauvais état représentant 45 milliards de dollars de ce total. Les canalisations d’égout qui évacuent les eaux usées des maisons représentaient la majeure partie de cette valeur de remplacement, soit 238 milliards de dollars. La valeur de remplacement des installations de traitement des eaux usées se chiffrait à 84 milliards de dollars, celle des autres actifs non linéaires (p. ex., installations de stockage) représentant les 23 milliards de dollars restants. Les canalisations d’égout constituaient aussi la majorité des actifs en mauvais ou très mauvais état, dont la valeur de remplacement était de 27 milliards de dollars. Suivaient les installations de traitement, avec une valeur de remplacement de 14 milliards de dollars, et les autres actifs non linéaires, dont la valeur était de 3 milliards de dollars chacun.
Pour ce qui est des actifs d’eaux pluviales, la valeur de remplacement de tous les actifs s’élevait à 247 milliards de dollars en 2022, les actifs en mauvais et en très mauvais état représentant 20 milliards de dollars de ce total. Les canalisations qui recueillent et transportent les eaux pluviales représentaient la majeure partie de cette valeur de remplacement, soit 177 milliards de dollars, suivis des ponceaux et des fossés ouverts, à 38 milliards de dollars et 18 milliards de dollars respectivement. Les installations de gestion des eaux pluviales et les postes de pompage des eaux de drainage représentaient les 28 milliards de dollars restants en valeur de remplacement. Les canalisations d’eaux pluviales constituaient aussi la majorité des actifs en mauvais ou très mauvais état, dont la valeur de remplacement était de 11 milliards de dollars. Suivaient les ponceaux, avec une valeur de remplacement de 5 milliards de dollars.
Encadré 7 : Planification de la gestion des actifsLa gestion des actifs fournit un cadre pour la prise de décisions à long terme fondées sur des données probantes au sujet des services d’infrastructures. Elle aide à prendre des décisions dans le cadre de la gestion du cycle de vie des actifs pour équilibrer les coûts, les risques et les services durables. Un plan de gestion des actifs définit la manière dont un groupe d’actifs doit être géré au cours d’une période donnée. Ces plans décrivent les caractéristiques et l’état des infrastructures, les niveaux de service attendus, les actions planifiées pour garantir le niveau de service attendu et les stratégies de financement pour mettre en œuvre les actions planifiées. Leur objectif est de maximiser les avantages, de réduire les risques et de fournir de manière durable des niveaux de service satisfaisants aux collectivités. La planification est un élément clé de la gestion des actifs. Une planification active et engagée de la gestion des actifs peut améliorer le rendement des actifs, renforcer la préparation aux changements climatiques et réduire les coûts des infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées à long terme. Selon Harvey (2015), les pratiques de gestion des actifs dans les domaines de l’eau potable, des eaux usées et des eaux pluviales permettent de réduire efficacement les coûts de renouvellement des infrastructures et de prolonger la durée de vie des actifs existants. En outre, ces pratiques permettent de garantir un financement adéquat des activités nécessaires à la « croissance et au développement soutenus d’une municipalité au fil du temps ». Les provinces ayant un taux élevé de planification de la gestion des actifs pour les infrastructures d’eau (p. ex., l’Ontario et la Colombie-Britannique) signalent des pertes du système d’approvisionnement en eau inférieures à celles des provinces ayant un taux plus faible de planification de la gestion des actifs (p. ex., le Québec et la Nouvelle-Écosse). En 2020, la majorité des municipalités utilisaient des plans de gestion des actifs pour superviser leurs services d’eau potable et de traitement des eaux usées. Les organisations municipales ayant la plus grande proportion de plans de gestion des actifs documentés pour les trois types d’actifs d’eau sont les municipalités urbaines de plus de 30 000 habitants, tandis que les municipalités rurales de moins de 5 000 habitants affichent le pourcentage le plus faible. |
Figure 8: Les canalisations servant à la distribution d’eau potable et à la collecte des eaux usées et des eaux pluviales constituent la vaste majorité des actifs, selon la valeur de remplacement



Remarque: Ces graphiques montrent la ventilation des valeurs de remplacement des actifs d’eau, d’eaux usées et d’eaux pluviales existants, selon les actifs et les évaluations de l’état. Statistique Canada. Tableau 34-10-0284-01 : Valeur de remplacement estimée des actifs d’infrastructures publiques essentielles, selon l’évaluation de l’état physique (x 1 000 000). 2025.
Texte alternatif de la figure 8 (cliquez ici pour afficher)
Valeur de remplacement des actifs relatifs aux eaux pluviales selon leur état (en millions)
Type d'actif | Très mauvais | Mauvais | Passable | Bon | Très bon | État physique inconnu |
Canalisations d'eaux pluviales | 3 507,8 | 7 924,6 | 29 048 | 42 694,8 | 53 943 | 39 669 |
Ponceaux (diamètre inférieur à 3 mètres)) | 1 082,9 | 4 315,8 | 9 967 | 13 570,2 | 5 536,3 | 3 224,4 |
Fossés à ciel ouvert | 388,6 | F (mauvaise qualité des données) | 4 767,6 | 3 417,6 | 1 339 | 6316,4 |
Canalisations sanitaires sous pression | 348 | 689,9 | 3 693 | 3 958,1 | 3 529,2 | 1 435,3 |
Stations de pompage des eaux pluviales | 58,5 | 170,9 | 679,5 | 655,4 | 378 | 387,4 |
Valeur de remplacement des actifs liés à l'eau potable par état (en millions)
Type d'actif | Très mauvais | Mauvais | Passable | Bon | Très bon | État physique inconnu |
Canalisations d'eau potable | 11 464,2 | 22 305,8 | 58 498,9 | 68 337,7 | 100 363,6 | 14 152,6 |
Installations de traitement de l'eau | 1 685,1 | 2 125,7 | 8 671,4 | 19 763,1 | 13 184,5 | 2 455,9 |
Autres installations non linéaires pour l'eau potable | 1 156,5 | 2 612,4 | 8 408,6 | 12 941,6 | 7 605,6 | 1 583,4 |
Valeur de remplacement des actifs relatifs aux eaux usées selon leur état (en millions)
Type d'actif | Très mauvais | Mauvais | Passable | Bon | Très bon | État physique inconnu |
Canalisations d'égouts | 10 062,8 | 16 740,7 | 39 258 | 58 410,2 | 82 636 | 31 339,4 |
Autres installations de traitement des eaux usées non linéaires | 1 119,6 | 2 081,6 | 5 416,3 | 8 525,8 | 4 554,1 | 1 374,5 |
Installations de traitement des eaux usées | 3 552,7 | 10 357,9 | 21 254,4 | 30 227,4 | 13 965,1 | F (mauvaise qualité des données) |
Si l’on se fonde sur la valeur de remplacement des actifs existants, la plupart des actifs d’eau potable, d’eaux usées et d’eaux pluviales qui sont la propriété d’organisations publiques relèvent de la responsabilité des administrations locales et régionales. En 2022, les municipalités étaient propriétaires de 74 % des actifs d’eau potable, de 77 % des actifs d’eaux usées et de 78 % des actifs d’eaux pluviales. Les autres administrations locales et régionales étaient responsables de 25 %, de 22 % et de 8 % des actifs d’eau potable, d’eaux usées et d’eaux pluviales, respectivement. Quant au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux et territoriaux, ils étaient responsables de moins de 1 % des actifs d’eau potable et d’eaux usées. Les gouvernements provinciaux et territoriaux étaient cependant propriétaires de 14 % des actifs d’eaux pluviales.
Les actifs qui sont la propriété de municipalités se trouvent principalement dans les municipalités urbaines. Celles-ci étaient propriétaires de 80 %, de 83 % et de 85 % de tous les actifs d’eau potable, d’eaux usées et d’eaux pluviales possédés par des administrations municipales, respectivement.
Figure 9: Les administrations locales et régionales sont responsables de la plupart des actifs d’eau, d’eaux usées et d’eaux pluviales

Remarque: Ce graphique présente la ventilation des actifs publics selon les ordres de gouvernement. Ces données excluent les gouvernements des Premières Nations. Statistique Canada. Tableau 34-10-0284-01 : Valeur de remplacement estimée des actifs d’infrastructures publiques essentielles, selon l’évaluation de l’état physique (x 1 000 000). 2025.
Texte alternatif de la figure 9 (cliquez ici pour afficher)
Valeur estimative de remplacement , selon l’organisation, en 2022 (en pourcentage)
Type d'actif | Municipalités urbaines | Municipalités rurales | Autres organisations locales et régionales | Organisations du gouvernement fédéral | Organismes provinciales et territoriales |
Actifs relatifs aux eaux pluviales | 66,13 % | 11,9 % | 7,86 % | 0,04 % | 14,08 % |
Actifs relatifs aux eaux usées | 64,12 % | 12,69 % | 22,38 % | 0,02 % | 0,79 % |
Actifs relatifs à l'eau potable | 59,64 % | 14,81 % | 25,06 % | 0,03 % | 0,47 % |
État des investissements dans l’approvisionnement en eau et le traitement des eaux usées au Canada
Les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont exigeantes en investissements en raison de la complexité technique des infrastructures de traitement et des coûts de construction élevés associés à l’excavation et à la réparation de vastes réseaux d’actifs linéaires. Par conséquent, pour maintenir les infrastructures en bon état tout en répondant à la demande croissante en matière de services, il faut des investissements importants et soutenus.
Au cours des quarante dernières années, les investissements dans les infrastructures d’eau potable ont été instables, affichant des pics et des creux. En moyenne, le Canada a consacré 0,2 % de son produit intérieur brut (PIB) aux infrastructures d’eau, un chiffre qui comprend les contributions du secteur privé, de tous les ordres de gouvernement et des collectivités autochtones et qui se révèle relativement faible par rapport aux normes internationales. Ailleurs dans le monde, les économies avancées investissent en moyenne entre 0,4 % et 0,6 % de leur PIB dans les infrastructures d’eau. Après la « grande récession » de 2008, les investissements dans l’eau potable ont augmenté de manière importante, atteignant un pic de 0,4 % du PIB en 2010 (7,2 milliards de dollars en dollars constants de 2012)[38].Les investissements réalisés en grande partie à la suite de cette grande récession ont entraîné une augmentation de 99 % du parc net (c.-à-d., du parc total d’immobilisations après la prise en compte de la dépréciation) des infrastructures d’eau potable entre 2000 et 2015 à l’échelle nationale. Toutefois, le parc d’immobilisations a atteint son maximum en 2015 et a depuis diminué de 5 %, ce qui signifie que les investissements n’ont pas été suffisants pour couvrir la dépréciation des actifs existants.
La mesure dans laquelle cette récente diminution du parc net présente des risques pour la prestation des services à l’avenir n’est pas claire, mais certains signes indiquent que les actifs liés à l’eau potable sont de plus en plus sollicités. Par exemple, les pertes d’eau dans le système de distribution ont augmenté de manière importante au cours de cette période, ce qui est probablement dû en partie à la détérioration des actifs. En outre, la consommation totale d’eau pourrait augmenter à l’avenir en raison de la forte croissance démographique.
Encadré 8 : Compte économique de l’infrastructure (CEI)Le Compte économique de l’infrastructure (CEI) de Statistique Canada présente des estimations sur les investissements, les parcs, la durée de vie utile, la contribution économique et la dépréciation concernant les infrastructures au Canada et dans chaque province et territoire. Le CEI représente un ensemble d’états statistiques qui enregistrent les incidences économiques, sociales et environnementales liées à la production et à l’utilisation des infrastructures au Canada et dans chaque province et territoire. Ce cadre statistique est conforme au système canadien de comptabilité nationale, aux statistiques des finances publiques du Canada et à la balance des paiements du Canada. Cette cohérence permet aux utilisateurs d’analyser les états statistiques relatifs aux infrastructures dans le contexte de mesures économiques globales comme l’investissement, le produit intérieur brut (PIB), le revenu national et la richesse. Ces données fournissent aux décideurs des renseignements sur les tendances en matière d’investissement, les parcs d’infrastructures en termes financiers en tenant compte de la dépréciation, et la manière dont les parcs d’actifs d’infrastructures évoluent au fil du temps. Toutefois, les données sont limitées en ce qui concerne la capacité de ces infrastructures à fournir des services et la mesure dans laquelle les capacités existantes sont utilisées. Le CEI fournit également des données sur les investissements qui sont ventilées selon les secteurs privé et public, et selon les différents ordres de gouvernement au sein du secteur public. Ces données ne tiennent toutefois pas compte des transferts ou des subventions et contributions entre gouvernements. Par exemple, les fonds fournis par les gouvernements fédéral et provinciaux aux municipalités aux fins d’investissement dans les infrastructures sont inclus dans les investissements des administrations municipales. |
En moyenne, le Canada a dépensé 0,2 % de son PIB par an pour les infrastructures de traitement des eaux usées au cours des quarante dernières années. Depuis 2000, les investissements annuels dans les infrastructures de traitement des eaux usées ont augmenté de 82 %, atteignant leur niveau le plus élevé en 2023, soit 5 milliards de dollars (en dollars constants de 2012). Grâce à cet investissement soutenu, le parc net d’infrastructures de traitement des eaux usées a augmenté régulièrement au fil du temps. Depuis 2000, le parc net d’infrastructures de traitement des eaux usées a ainsi augmenté de 30 % à l’échelle nationale.
Malgré cette augmentation du parc net, la quantité et le niveau de traitement des eaux usées rejetées dans l’environnement sont restés stables depuis 2013 (les données antérieures à 2013 ne sont pas disponibles). En outre, le nombre de systèmes municipaux de traitement des eaux usées conformes aux limites relatives à la qualité des effluents prescrites par le Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées a diminué de 81 % en 2016 à 76 % en 2021, bien que le volume total d’eaux usées conformes ait augmenté (de 66 % à 71 %).
Encadré 9 : Risques et investissements dans le secteur de l’approvisionnement en eau et du traitement des eaux uséesLes infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées ont généralement une longue durée de vie et des coûts initiaux élevés, nécessitant un investissement initial important suivi d’une très longue période d’amortissement. Par conséquent, des événements futurs imprévus susceptibles d’augmenter les coûts d’investissement et d’exploitation exposent ces investissements au risque et à l’incertitude. Les principaux risques et difficultés auxquels ces investissements sont confrontés comprennent ce qui suit :
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Le secteur public est le principal investisseur dans les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées au Canada. En 2023, le secteur public a en effet fourni 98 % de tous les investissements (5 milliards de dollars) dans les infrastructures d’eau potable et 96 % de tous les investissements (6,2 milliards de dollars) dans les infrastructures de traitement des eaux usées[39]. Les investissements ciblant les infrastructures d’approvisionnement en eau potable et de traitement des eaux usées ont considérablement augmenté au cours des dernières années, les municipalités étant responsables de plus de 90 % de tous les investissements [40].
Figure 10: Le secteur public est le principal investisseur dans les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées au Canada


Remarque: Ces graphiques présentent les investissements totaux visant les infrastructures d’adduction d’eau (eau potable) et d’égouts (eaux usées) depuis 2019, répartis entre le secteur public et le secteur privé. Statistique Canada. Tableau 36-10-0608-01 : Compte économique d’infrastructure, investissement et parc net par actif, par industrie et par fonction de l’actif (x 1 000 000). 2025.
Texte alternatif de la figure 10 (cliquez ici pour afficher)
Investissements dans l'approvisionnement en eau potable, en 2023 (en millions de dollars)
Secteur | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
Secteur public | 3 355 | 3 179 | 3 340 | 4 225 | 4 878 |
Secteur privé | 102 | 36 | 86 | 84 | 90 |
Secteur | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
Secteur public | 3 972 | 4 129 | 4 304 | 5 182 | 5 984 |
Secteur privé | 65 | 195 | 214 | 232 | 249 |
Le ratio de la durée de vie utile restante (RDVUR) est une estimation du nombre moyen d’années qu’il reste à un parc d’actifs avant qu’il doive être réparé ou remplacé, divisé par sa durée de vie moyenne prévue, le résultat étant un ratio qui indique le pourcentage de la classe d’actifs qui reste. Il reflète le vieillissement des actifs et les investissements nécessaires dans la réparation, le remplacement et l’ajout d’actifs, comme la construction d’une nouvelle usine de traitement de l’eau. Il est plus utile d’utiliser les ratios pour comparer les tendances au sein des administrations que de comparer les ratios de différentes administrations. Par exemple, la variation du ratio de la durée de vie utile restante est la plus importante dans les territoires et les petites provinces, ce qui indique que les différences peuvent être dues à des projets individuels ayant une incidence plus importante sur la moyenne plutôt qu’à un problème structurel dans ces administrations.
Bien que le ratio moyen de la durée de vie utile restante des infrastructures de traitement des eaux usées soit estimé à plus de 40 % pour les actifs d’adduction d’eau et de traitement des eaux usées dans toutes les provinces, la diminution de ce ratio dans certaines régions suggère que les investissements ne suivent pas le rythme du vieillissement du parc d’infrastructures. À l’échelle nationale, le ratio de la durée de vie utile restante a tendance à baisser depuis 2019 pour les actifs d’adduction d’eau et à augmenter lentement pour les actifs de traitement des eaux usées. Le ratio de la durée de vie utile restante diminue pour les deux catégories d’actifs à Terre-Neuve-et-Labrador et au Manitoba, ce qui indique que le parc de ces actifs se déprécie peut-être plus rapidement qu’il est remplacé ou renouvelé.
Figure 11: La durée de vie utile restante moyenne des infrastructures d’adduction d’eau et de traitement des eaux usées diffère selon les provinces et les territoires, mais reste supérieure à 50 % pour les actifs d’adduction d’eau et à 40 % pour les actifs de traitement des eaux usées


Remarque: Ces graphiques illustrent les tendances récemment observées en ce qui a trait à la durée de vie utile restante des infrastructures d’adduction d’eau (eau potable) et d’égouts (eaux usées), selon les provinces et les territoires. Statistique Canada. Tableau 36-10-0611-01 Compte économique d'infrastructure, âge moyen et durée de vie utile restante par actif et fonction de l'actif. 2025. Les données présentées dans ce rapport proviennent exclusivement de Statistique Canada et de bases de données nationales harmonisées, afin d’assurer la cohérence méthodologique et la comparabilité des analyses à l’échelle nationale. Bien que les provinces, territoires, municipalités et organisations autochtones puissent disposer de leurs propres bases de données adaptées à leurs réalités locales, seules les données nationales sont utilisées ici pour garantir la fiabilité de l’analyse à un niveau national.
Texte alternatif de la figure 11 (cliquez ici pour afficher)
Le ratio de durée de vie utile restante (en pourcentage) - infrastructures d’adduction d’eau
Province ou territoire | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
Canada | 60,9 % | 60,4 % | 59,8 % | 59,4 % | 59,2 % |
Terre-Neuve-et-Labrador | 59,5 % | 58,3 % | 57,1 % | 55,9 % | 54,7 % |
Île-du-Prince-Édouard | 61,2 % | 61 % | 61,5 % | 62 % | 62,5 % |
Nouvelle-Écosse | 52,1 % | 51,3 % | 51,1 % | 50,8 % | 50,7 % |
Nouveau-Brunswick | 60,3 % | 60 % | 59,4 % | 58,8 % | 58,3 % |
Québec | 56 % | 55,6 % | 55,3 % | 55,4 % | 55,7 % |
Ontario | 64,4 % | 63,8 % | 63,2 % | 62,9 % | 62,7 % |
Manitoba | 62,3 % | 61,1 % | 59,9 % | 58,7 % | 57,7 % |
Saskatchewan | 55,6 % | 55,4 % | 55,2 % | 55,2 % | 55,5 % |
Alberta | 59,7 % | 59,1 % | 58,3 % | 57,6 % | 57,2 % |
Colombie-Britannique | 63,4 % | 62,9 % | 62,3 % | 61,5 % | 60,8 % |
Yukon | 61 % | 60,8 % | 60,2 % | 60,1 % | 60,1 % |
Territoires du Nord-Ouest | 78,7 % | 76,8 % | 75,1 % | 73,6 % | 72,2 % |
Nunavut | 83,1 % | 81 % | 79 % | 77 % | 75,1 % |
Le ratio de durée de vie utile restante (en pourcentage) - Infrastructures de traitement des eaux usées
Province ou territoire | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
Canada | 54 % | 54,3% | 54,5 % | 54,8 % | 55,3 % |
Terre-Neuve-et-Labrador | 51,4 % | 50,8% | 50,3 % | 49,7 % | 49,2 % |
Île-du-Prince-Édouard | 47,4 % | 51,1 % | 56,7 % | 60,8 % | 64,6 % |
Nouvelle-Écosse | 46,9 % | 46,5% | 46,7 % | 46,8 % | 47,2 % |
Nouveau-Brunswick | 48,2 % | 48,9 % | 49 % | 49,2 % | 49,5 % |
Québec | 52,1 % | 51,7 % | 51,4 % | 51,4 % | 51,6 % |
Ontario | 53 % | 53,3 % | 53,7 % | 54,4 % | 55,4 % |
Manitoba | 48,2 % | 47,4 % | 46,8 % | 46,1 % | 45,6 % |
Saskatchewan | 54,9 % | 54,8 % | 54,7 % | 54,9 % | 55,2 % |
Alberta | 61,5 % | 61,3 % | 60,8 % | 60,4 % | 60,2 % |
Colombie-Britannique | 53,1 % | 54,9 % | 56,3 % | 57,1 % | 58 % |
Yukon | 40,5 % | 40 % | 39,6 % | 39,9 % | 40,5 % |
Territoires du Nord-Ouest | 75,2 % | 74 % | 72,9 % | 71,9 % | 71,0 % |
Nunavut | 76 % | 74,1% | 72,2 % | 70,2 % | 6 % |
Les projets d’infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont souvent financés par plusieurs ordres de gouvernement. Par exemple, la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) a récemment prêté jusqu’à 140 millions de dollars pour soutenir cinq collectivités du Manitoba dans leurs projets d’infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées, un financement supplémentaire étant fourni par la province et Infrastructure Canada dans le cadre du Programme d’infrastructure Investir dans le Canada[41]. Ces infrastructures seront détenues et exploitées par les municipalités, qui sont responsables de l’exécution de ces projets essentiels.
Les municipalités utilisent diverses sources pour financer les projets d’infrastructure, notamment les tarifs des services publics, les recettes générales (p. ex., l’impôt foncier), le financement par emprunt des grands projets d’investissement, avec des prêts obtenus auprès d’institutions financières à des taux d’intérêt négociés, l’émission d’obligations, ou les prêts et les subventions d’autres ordres de gouvernement {ou organismes provinciaux}. Les municipalités diffèrent dans leur degré d’autosuffisance en matière de services d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées, allant d’un financement intégral par les tarifs des services publics au financement par les recettes générales sans comptage. Si certains ont utilisé avec succès un modèle de partenariat public-privé pour réaliser des projets de traitement des eaux usées, la plupart des investissements dans les projets d’eau sont publics à l’échelle du projet.
De 2011 à 2021, le coût total de fonctionnement et d’entretien des usines de traitement de l’eau potable qui traitent principalement de l’eau de surface (c.-à-d., eau provenant de sources ouvertes à l’atmosphère comme les rivières, les lacs et les réservoirs) a augmenté de 35 %, soit 267 millions de dollars. Au cours de la même période, le coût par volume d’eau a augmenté de 73 $ par millier de mètres cubes (49 %), ce qui indique que cette augmentation n’est pas due à une hausse de la demande. L’augmentation du coût par volume est principalement due à la main-d’œuvre (30 $), suivie des matériaux (18 $), de l’énergie (14 $) et des autres frais de fonctionnement et d’entretien (12 $)[42].
Encadré 10 : Partenariats public-privéLes partenariats public-privé (PPP) peuvent être utilisés pour inclure les entreprises privées dans le secteur de l’approvisionnement en eau et du traitement des eaux usées. Dans le cadre de ces partenariats, les propriétaires de systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sous-traitent souvent certains aspects de la gestion de l’eau à d’autres entreprises privées ou publiques. Ils peuvent, par exemple, externaliser des activités comme le service à la clientèle, la construction d’installations, l’entretien et les opérations quotidiennes. Il importe toutefois de garder à l’esprit que ces partenariats ne prévoient pas de transfert de propriété du secteur public au secteur privé. La relation entre les partenaires est plutôt limitée dans le temps et peut comprendre un large éventail d’« options de partage des risques et des responsabilités ». L’exploitation de l’expertise et des capitaux du secteur privé tout au long du processus de développement des infrastructures peut contribuer à la réalisation d’investissements efficaces, novateurs et opportuns dans les infrastructures. Elle peut contribuer à accroître l’investissement global dans les infrastructures au Canada et réduire l’exposition du secteur public aux risques liés aux projets, comme les dépassements de coûts. Les PPP permettent aux partenaires publics de transférer le risque au secteur privé dans les cas où celui-ci est le mieux structuré pour le gérer. |
Pour les usines de traitement de l’eau qui traitent principalement des eaux souterraines et des eaux souterraines sous l’influence directe d’eaux de surface, les coûts totaux de fonctionnement et d’entretien ont augmenté de 27 %, soit 48 millions de dollars, entre 2011 et 2021. Au cours de la même période, le coût par volume a augmenté de 52 %, ce qui indique que cette augmentation n’est pas due à une hausse de la demande. L’augmentation du coût par unité est principalement due à la main-d’œuvre (95 $), suivie des matériaux (30 $), de l’énergie (41 $) et des autres frais de fonctionnement et d’entretien (8 $)[43]. Le coût par volume de ces installations est plus de deux fois supérieur à celui des usines de traitement qui traitent surtout les eaux de surface, principalement en raison des volumes de production plus faibles par usine de traitement.
Pour l’instant, aucune donnée relative aux coûts de fonctionnement et d’entretien n’est disponible pour les installations de traitement des eaux usées.
Les systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées au Canada sont-ils prêts pour l’avenir?
Les besoins futurs du Canada en matière d’infrastructures seront étroitement liés aux grandes tendances qui façonnent les collectivités du pays, à savoir la croissance démographique et le besoin d’une offre de logements accrue qui en découle, ainsi que les changements climatiques. Les collectivités de tous types devront se préparer à l’avenir changeant et incertain que présentent ces tendances afin de soutenir leur croissance et leur bien-être.
Croissance démographique et logement
La croissance démographique devrait exercer une pression croissante sur les systèmes d’infrastructures, y compris les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées. La population du Canada a connu une croissance rapide ces dernières années, attribuable à l’augmentation de l’immigration. En 2021, la population du Canada atteignait presque 37 millions de personnes, ce qui représentait une hausse de 5,2 % par rapport à 2016. Cette augmentation de la population rend nécessaire la prestation de logements supplémentaires. Or, la mise en place d’infrastructures essentielles pour l’eau potable et l’assainissement est une condition préalable à la création de logements adéquats.
La population du Canada n’est pas seulement en hausse, elle est aussi de plus en plus urbaine. Tandis que l’ensemble de la population a augmenté de 5,2 % de 2016 à 2021, les régions métropolitaines de recensement ont connu une croissance de 6,1 %[44]. Comme l’indique le tableau 6.1, la densité de la population augmente d’autant plus que l’on se rapproche du centre-ville dans la plupart des grandes villes. En 2021, les franges urbaines et les banlieues proches, intermédiaires et éloignées se sont développées dans la plupart des centres urbains (voir aussi le Figure 12).
Figure 12: La croissance de la population augmente la densité dans les zones urbaines et suburbaines des grandes villes du Canada






Remarque: Ces graphiques montrent le pourcentage de croissance de la population selon la proximité par rapport au centre-ville dans les grandes villes canadiennes. Source: Statistique Canada. Recensement de la population, 2016 et 2021 (3901).
Texte alternatif de la figure 12 (cliquez ici pour afficher)
Croissance démographique en pourcentage 2016-2021 – Calgary
Proximité du centre-ville | Croissance démographique en pourcentage |
Centre-ville | 21 % |
Périphérie urbaine (à moins de 10 minutes du centre-ville) | 1,6 % |
Banlieue proche (10 à 20 minutes du centre-ville) | 0,6 % |
Banlieue intermédiaire (20 à 30 minutes du centre-ville) | 23,3 % |
Banlieue éloignée (+30 minutes du centre-ville) | 10,4 % |
Croissance démographique en pourcentage 2016-2021 – Edmonton
Proximité du centre-ville | Croissance démographique en pourcentage |
Centre-ville | -1,1 % |
Périphérie urbaine (à moins de 10 minutes du centre-ville) | -1,7 % |
Banlieue proche (10 à 20 minutes du centre-ville) | 8,4 % |
Banlieue intermédiaire (20 à 30 minutes du centre-ville) | 23,4 % |
Banlieue éloignée (+30 minutes du centre-ville) | 3,8 % |
Croissance démographique en pourcentage 2016-2021 – Montréal
Proximité du centre-ville | Croissance démographique en pourcentage |
Centre-ville | 24,4 % |
Périphérie urbaine (à moins de 10 minutes du centre-ville) | 2,1 % |
Banlieue proche (10 à 20 minutes du centre-ville) | 3,4 % |
Banlieue intermédiaire (20 à 30 minutes du centre-ville) | 4,0 % |
Banlieue éloignée (+30 minutes du centre-ville) | 7,0 % |
Croissance démographique en pourcentage 2016-2021 – Vancouver
Proximité du centre-ville | Croissance démographique en pourcentage |
Centre-ville | 7,4 % |
Périphérie urbaine (à moins de 10 minutes du centre-ville) | 3,8 % |
Banlieue proche (10 à 20 minutes du centre-ville) | 7,1 % |
Banlieue intermédiaire (20 à 30 minutes du centre-ville) | 4,8 % |
Banlieue éloignée (+30 minutes du centre-ville) | 9,5 % |
Croissance démographique en pourcentage 2016-2021 – Toronto
Proximité du centre-ville | Croissance démographique en pourcentage |
Centre-ville | 16,1 % |
Périphérie urbaine (à moins de 10 minutes du centre-ville) | 1,4 % |
Banlieue proche (10 à 20 minutes du centre-ville) | 1,7 % |
Banlieue intermédiaire (20 à 30 minutes du centre-ville) | 0,4 % |
Banlieue éloignée (+30 minutes du centre-ville) | 9,4 % |
Croissance démographique en pourcentage 2016-2021 - Ottawa–Gatineau (partie ontarienne)
Proximité du centre-ville | Croissance démographique en pourcentage |
Centre-ville | 7,1 % |
Périphérie urbaine (à moins de 10 minutes du centre-ville) | 5,9 % |
Banlieue proche (10 à 20 minutes du centre-ville) | 7,7 % |
Banlieue (20 à 30 minutes du centre-ville) | 21,4 % |
Banlieue éloignée (+30 minutes du centre-ville) | 10,1 % |
En raison de la croissance de la population urbaine, les logements à forte densité représentent une part croissante des nouvelles propriétés résidentielles. Alors que de nombreux Canadiens préfèrent vivre dans des logements de faible densité, comme des maisons individuelles, les nouveaux logements de ce type sont de plus en plus limités dans les centres-villes en raison d’une pénurie croissante de terrains. D’après Statistique Canada, les maisons individuelles ont représenté une proportion plus faible des propriétés résidentielles construites entre 2016 et 2021 par rapport à la part des propriétés résidentielles construites qu’elles représentaient avant 2016[45]. Par conséquent, la part des types de propriétés à densité supérieure, comme les maisons en rangée et les maisons jumelées, a augmenté.
Les schémas de croissance de la population et du logement ont des conséquences importantes sur le développement des infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées. Les nouveaux ensembles résidentiels de faible densité nécessitent davantage de pompes et de canalisations pour raccorder les habitations aux services d’eau potable et d’assainissement. La densification des centres urbains peut entraîner une surexploitation des systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées existants, ce qui nécessite d’importants travaux de modernisation. Malgré cela, on estime que la prestation de services d’eau potable et d’assainissement aux collectivités constituées de logements à forte densité est moins coûteuse que pour les collectivités à faible densité[46].
Changements climatiques
Les changements climatiques modifient les régimes de précipitations, de neige, de glace et de fonte du pergélisol, créant des problèmes de disponibilité et de qualité de l’eau et modifiant la fréquence et la gravité des catastrophes naturelles et des épisodes météorologiques extrêmes liés à l’eau, comme les inondations et les sécheresses. Ces changements créent des difficultés considérables pour les différents types d’infrastructures canadiennes, y compris les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées.
Les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées peuvent être touchées, voire dépassées, de différentes manières par les risques liés aux changements climatiques. Par exemple, la qualité de l’eau entrant dans un système de traitement de l’eau peut être réduite par une inondation (p. ex., contaminants provenant de zones rurales ou urbaines) ou par un incendie de forêt (p. ex., carbone organique et ruissellement d’azote); ces événements peuvent également avoir une incidence directe sur l’infrastructure physique elle-même. L’évolution des conditions météorologiques, les événements extrêmes et les effets à évolution lente peuvent accélérer la détérioration des infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées, ce qui réduit la durée de vie utile de ces actifs essentiels et perturbe les services qu’ils fournissent aux collectivités et aux entreprises.
Les systèmes d’eaux pluviales joueront également un rôle essentiel dans l’atténuation des effets de l’augmentation des précipitations, de la fonte rapide des neiges et des phénomènes météorologiques extrêmes dus aux changements climatiques. Des précipitations plus fréquentes et plus intenses peuvent dépasser la capacité nominale des systèmes municipaux de gestion des eaux pluviales. Des systèmes de gestion des eaux pluviales surchargés peuvent entraîner des refoulements qui provoquent des inondations localisées ou un ruissellement plus important de contaminants comme des déchets, des nutriments, des sédiments ou des bactéries dans les cours d’eau locaux.
De nombreuses villes utilisent encore des systèmes de débordement d’égouts unitaires qui combinent les systèmes d’eaux pluviales et d’égouts sanitaires. Avec l’augmentation de la gravité et de la fréquence des fortes précipitations et des cycles de gel et de dégel, ces systèmes risquent davantage d’être débordés, ce qui accroît le risque de rejet d’eaux usées non traitées dans les refoulements d’égouts qui inondent les sous-sols ou dans les cours d’eau et les lacs adjacents. Cela peut entraîner la contamination des systèmes municipaux d’approvisionnement en eau potable et des plans d’eau. On a également observé que l’élévation du niveau de la mer associée aux changements climatiques modifiait les flux d’eaux souterraines dans les villes côtières, augmentant la probabilité de débordements d’égouts lorsque les eaux souterraines en hausse pénètrent dans des infrastructures d’égouts vieillissantes ou s’accumulent dans des zones à forte perméabilité.
Puisqu’une grande partie des infrastructures canadiennes ont été conçues en fonction des conditions climatiques historiques, les gestionnaires d’actifs doivent maintenant déterminer comment gérer les risques liés au climat et allouer de maigres ressources financières à l’adaptation des infrastructures existantes. Investir dans des mesures d’adaptation à court terme permet de préserver les niveaux de service et d’éviter les coûts futurs, tout en évitant une détérioration plus rapide et une perte de service. Par exemple, le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario estime qu’une stratégie proactive visant à adapter les infrastructures de traitement des eaux usées dès que possible permettrait de réduire les coûts de 35 % jusqu’en 2100 dans un scénario d’émissions moyennes, par rapport à une stratégie réactive dans le cadre de laquelle les actifs sont adaptés au moment prévu pour leur renouvellement.
Encadré 11 : Usine de traitement des eaux usées de Merritt (Colombie-Britannique)En novembre 2021, une rivière atmosphérique a provoqué de graves inondations en Colombie-Britannique, si bien que l’usine de traitement des eaux usées de la ville de Merritt a été inondée par les eaux pluviales, ce qui a entraîné le mélange des eaux usées avec les eaux de la rivière et leur déversement dans la ville. Les eaux de surface contaminées se sont alors infiltrées dans les sources souterraines d’eau potable. La défaillance de l’usine de traitement des eaux usées a eu pour conséquence que l’eau potable ne pouvait pas être consommée en toute sécurité, même si elle était bouillie, et d’importants dégâts matériels ont été causés. La ville a même dû évacuer tous ses habitants. De nombreuses usines de traitement des eaux usées sont situées dans des plaines inondables, à proximité de plans d’eau, afin de réduire la distance que les eaux usées traitées doivent parcourir avant d’être rejetées. Toutefois, cela signifie que les usines de traitement des eaux usées sont susceptibles d’être endommagées et de tomber en panne en cas d’inondations catastrophiques. On s’attend d’ailleurs à ce que ces événements se multiplient à l’avenir en raison des changements climatiques. |
Conclusion
Les services d’eau propre et d’assainissement fournis par les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont essentiels pour la santé et le bien-être des collectivités du Canada. Alors que les Canadiens bénéficient d’un accès généralisé à l’eau potable et à l’assainissement, ces services sont souvent fournis par des infrastructures peu performantes. En outre, il existe souvent des écarts importants dans la qualité des services d’eau propre et d’assainissement entre les collectivités autochtones et non autochtones au Canada. À l’avenir, la croissance démographique et la demande en matière de logement, combinées aux effets croissants des changements climatiques, nécessiteront des systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées capables de desservir un plus grand nombre de ménages tout en étant de plus en plus résistants à l’évolution des conditions météorologiques.
La compréhension de l'état actuel des systèmes d’eau propre et d’assainissement est une étape cruciale vers la première Évaluation nationale des infrastructures (ENI) du Canada. Ce document de travail présente un aperçu des principaux enjeux et des données accessibles au public à l'échelle du Canada. Au cours des 25 prochaines années, les décideurs devront examiner les menaces les plus importantes qui pèsent sur la prestation de services de mobilité communautaire abordables et fiables aux Canadiens.
Références (cliquez ici pour afficher)
[1] Statistique Canada. Tableau 38-10-0093-01 : Population desservie par les usines de traitement de l’eau potable. 2023. Remarque : Cette estimation comprend les usines de traitement de l’eau potable autorisées et réglementées par des organismes provinciaux/territoriaux (à l’exclusion des collectivités des Premières Nations) qui prélèvent et traitent l’eau de source/brute dans l’environnement pour produire de l’eau traitée/potable destinée à la consommation, et qui desservent 300 personnes ou plus.
[2] Statistique Canada. Tableau 38-10-0125-01 : Population desservie par les systèmes de traitement des eaux usées municipales selon la catégorie de traitement. 2024. Remarque : Cette estimation se fonde sur les systèmes de traitement des eaux usées municipales au Canada dont les débits quotidiens sont égaux ou supérieurs à 100 m3, à l’exclusion des systèmes qui desservent les réserves des Premières Nations, les institutions gouvernementales, les établissements commerciaux et industriels, les parcs provinciaux, etc.
[3] Gouvernement du Canada. Eau : Foire aux questions — Canada.ca. 2018
[4] Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Système de diffusion AQUASTAT du FAO. 2019
[5] Centre autochtone de ressources environnementales. Droits des Autochtones relatifs à l’eau dans la gouvernance fédérale de l’eau douce. 2024.
[6] Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada - Tableaux sommaires. 2025.
[7] Statistique Canada. Tableau 38-10-0271-01 : Utilisation d’eau potable selon le secteur et utilisation quotidienne moyenne. 2023. Remarque : Cette estimation comprend l’eau utilisée par les secteurs résidentiel, commercial et industriel, les pertes du système de distribution et l’eau fournie en gros à d’autres administrations. La population cible pour ces données comprend les usines de traitement de l’eau potable autorisées et réglementées par des organismes provinciaux/territoriaux (à l’exclusion des collectivités des Premières Nations) qui prélèvent et traitent l’eau de source/brute dans l’environnement pour produire de l’eau traitée/potable destinée à la consommation, et qui desservent 300 personnes ou plus.
[8] Idem.
[9] Idem.
[10] EurEau. Europe’s Water in Figures: An overview of the European drinking water and wastewater sectors 2021 edition. (en anglais seulement). 2021.
[11] Idem.
[12] Statistique Canada. Tableau 38-10-0271-01:Utilisation d’eau potable selon le secteur et utilisation quotidienne moyenne. 2023.
[13] Idem.
[14] Les exemples comprennent la Water Sustainability Act (loi sur la durabilité de l’eau) de la Colombie-Britannique, la réglementation sur la conservation de l’eau de l’Ontario, la réglementation sur les eaux usées municipales de l’Alberta et la stratégie sur la gestion efficace de l’eau du Québec.
[15] Statistique Canada. Objectif 6 - Eau propre et assainissement (statcan.gc.ca). 2021. L’indicateur 6.1.1 des objectifs de développement durable des Nations Unies fournit une estimation de la proportion de la population qui utilise des services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité. L’eau potable gérée en toute sécurité est définie comme suit : eau potable provenant d’une source améliorée qui est accessible sur place, disponible en cas de besoin et exempte de contamination fécale et chimique prioritaire. Les sources d’eau potable améliorées comprennent l’eau courante, les forages ou puits tubulaires, les puits creusés protégés, les sources protégées, l’eau de pluie et l’eau conditionnée ou livrée.
[16] Statistique Canada. Tableau 34-10-0204-01 : Propriétaires publics d’actifs relatifs à l’eau potable selon le nombre d’avis concernant la qualité de l’eau potable envoyés, Infrastructure Canada. 2022.
[17]Environnement et Changement climatique Canada. Aperçu du Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées. 2024.
[18] Il existe deux accords d'équivalence avec le WSER, l'un avec le Yukon (signé en 2014) et l'autre avec le Québec (signé en 2018).
[19] Statistique Canada. Tableau 38-10-0124-01 : Volume d’eaux usées rejetées des systèmes d’égout municipal, selon la catégorie de traitement (x 1 000 000). 2024; Tableau 38-10-0100-01 : Volume des décharges de débordement d’égouts unitaires (x 1 000 000). 2024.
[20] Idem. Depuis 2018, aucune donnée n’est disponible au sujet des volumes de décharges de débordement d’égouts unitaires des municipalités du Québec. Par conséquent, les estimations relatives aux décharges de débordement d’égouts unitaires et aux volumes totaux d’eaux usées non traitées ne comprennent pas les systèmes municipaux de traitement des eaux usées de la province du Québec.
[21] Idem.
[22] Environnement et Changement climatique Canada.Indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement. Traitement des eaux usées municipales – Canada.ca . 2023. Remarque : Seuls les systèmes municipaux d’eaux usées présentant des débits quotidiens égaux ou supérieurs à 100 m3 et ayant soumis leurs rapports de surveillance ont été pris en compte. Les données n’étaient pas disponibles pour les populations situées dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut et au nord du 54e parallèle dans les provinces de Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador.
[23] Idem.
[24] Le registre public qui regroupe toutes les autorisations accordées en vertu du Règlement peut être consulté ici: Environnement et Changement climatique Canada. Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées : registre des autorisations transitoires - Canada.ca. 2025.
[25] Environnement et Changement climatique Canada. Indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement. Traitement des eaux usées municipales – Canada.ca. 2023.
[26] Idem.
[27] Les données présentées dans ce rapport proviennent exclusivement de Statistique Canada et de bases de données nationales harmonisées, afin d’assurer la cohérence méthodologique et la comparabilité des analyses à l’échelle nationale. Bien que les provinces, territoires, municipalités et organisations autochtones puissent disposer de leurs propres bases de données adaptées à leurs réalités locales, seules les données nationales sont utilisées ici pour garantir la fiabilité de l’analyse à un niveau national. Les comparaisons entre provinces et territoires doivent tenir compte du fait que certaines différences peuvent refléter des écarts dans les méthodes de collecte ou de déclaration, et non dans l’état réel des infrastructures.
[28] Ces règlements ne s’appliquent pas sur les terres des Premières Nations.
[29] Statistique Canada. Tableau 38-10-0274-01 : Enquête sur les ménages et l’environnement, principale source d’eau des logements. 2023.
[30] Ville de Winnipeg. CSO Master Plan - How our sewer system works - Sewage - Water and Waste - City of Winnipeg (en anglais seulement). 2025.
[31] Statistique Canada. Tableau 38-10-0125-01 : Population desservit par les systèmes de traitement des eaux usées municipales selon la catégorie de traitement. 2024; Tableau 17-10-0009-01 : Estimations de la population, trimestrielles. 2024. Remarque : Le programme statistique Systèmes de traitement des eaux usées municipales au Canada exclut les collectivités qui ont leur propre système de traitement des eaux usées ou qui sont desservies par d’autres systèmes dont le débit quotidien est inférieur à 100 m3 ou par d’autres installations qui n’entrent pas dans la portée de l’enquête. Il exclut également les systèmes qui desservent les collectivités des Premières Nations, les institutions gouvernementales, les établissements commerciaux et industriels, les parcs provinciaux et les populations situées dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut et au nord du 54e parallèle dans les provinces de Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador.
[32] Idem.
[33] Idem.
[34] Données non disponibles pour le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest.
[35] Les données présentées dans ce rapport proviennent exclusivement de Statistique Canada et de bases de données nationales harmonisées, afin d’assurer la cohérence méthodologique et la comparabilité des analyses à l’échelle nationale. Bien que les provinces, territoires, municipalités et organisations autochtones puissent disposer de leurs propres bases de données adaptées à leurs réalités locales, seules les données nationales sont utilisées ici pour garantir la fiabilité de l’analyse à un niveau national. Les comparaisons entre provinces et territoires doivent tenir compte du fait que certaines différences peuvent refléter des écarts dans les méthodes de collecte ou de déclaration, et non dans l’état réel des infrastructures.
[36] Idem
[37] Statistique Canada. Tableau 34-10-0284-01 : Valeur de remplacement estimée des actifs d’infrastructures publiques essentielles, selon l’évaluation de l’état physique (x 1 000 000). 2025. Remarque : Toutes les données présentées dans cette section proviennent de ce jeu de données. Ces estimations excluent les actifs d’infrastructures qui sont la propriété de gouvernements des Premières Nations.
[38] Statistique Canada. Tableau 36-10-0608-01 : Compte économique d’infrastructure, investissement et parc net par actif, par industrie et par fonction de l’actif (x 1 000 000). 2025.
[39] Le secteur public comprend les administrations locales, provinciales/territoriales ou fédérales, les services ou organismes publics, les sociétés d’État ou les établissements financés par l’État, comme les écoles (y compris les universités) ou les hôpitaux.
[40] Statistique Canada. Tableau 36-10-0608-01 : Compte économique d’infrastructure, investissement et parc net par actif, par industrie et par fonction de l’actif (x 1 000 000). 2025.
[41] Banque de l’infrastructure du Canada. La BIC s’engagent à investir 140 M$ dans de nouvelles infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées au Manitoba | Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) (cib-bic.ca).2025.
[42] Statistique Canada. Coûts de fonctionnement et d’entretien des usines de traitement de l’eau potable selon le volume de production et le type principal de source d’eau (statcan.gc.ca). 2023. La somme des chiffres peut ne pas correspondre au total en raison des arrondissements. Le coût par unité de volume varie dans chaque catégorie en raison des différentes tailles et configurations des usines. À partir de la collecte de 2017, le questionnaire a été remanié afin que les répondants disposant de plusieurs installations de traitement de l’eau puissent déclarer le total combiné de toutes leurs installations dans un seul questionnaire.
[43] Idem.
[44] Statistique Canada. Le Quotidien — Le Canada premier de la croissance du G7 malgré la COVID (statcan.gc.ca). 2022.
[45] Statistique Canada. Offre de logements neufs : étalement urbain et densification urbaine (statcan.gc.ca). 2024.
[46] Municipalité régionale de Halifax. Settlement Pattern and Form with Service Cost Analysis (en anglais seulement). 2005.